Les étoiles pleuraient quand ta lyre d'Orphée
Envoûtait languide les collines en flamme,
Le Danube impétueux arrosait la jusquiame,
Flamboyant, s'y mirait le château des nuées.
Tu voulais en enfer retrouver Alcimène
Et ta mère Ilona que tu n'as pu aimer,
Tu vécus par leur mort ta naissance malsaine,
Tu portas cette croix jusqu'au bout de l'allée.
Tu tressas de tes mots des couronnes de sable
Où saignaient moribonds les jours brutalisés,
Parfois tu évoquais la magie de l'étable
Quand Dieu se révéla dans sa fragilité.
Et ton verbe soutint les ombres chancelantes
Qui erraient sans espoir dans les sombres forêts,
Un papillon rouge te prit dans ses filets,
Ce fut un bel amour en caresses vibrantes.
Mais la nuit est venue avec ses loups sauvages,
Des meutes assoiffées d'innommables carnages,
Ils ont tout saccagés, villages et vergers,
Ils ont tout humilié sans la moindre pitié!
Comme une étoile jaune entaillée par le fer
D'un insigne gammé trépidant de colère,
Le soleil s'est couché sur ta tombe automnale
Que tu avais creusée en attendant la balle.
Miklós Radnóti poète hongrois marcha plus de 900 kilomètres, plus de trois mois, vers sa mort, à marche forcée. Parce que juif, parce qu'humaniste, parce que poète.
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Magnifique, un des plus beaux textes qu'il m'a été donné de lire sur ce site, bravo Banniange, tu as su tisser un habile patron, entre triste et superbe... Favori tout de go ! | |
Etienne de Mirage |
Très bel hommage, n'oublions jamais... Merci Banniange, beau dimanche ! :-) | |
Ombellune |
Honneur au poète et au Juif et à l'homme simple pétri d'humanité, face à la barbarie technique et sans spiritualité de ceux qui voulurent convertir le monde à une nouvelle foi, le nihilisme. Le poète préserve et sauve, sa mission est son souci, et aussi en tant que juif il témoigne au milieu des nations que la fidélité est primordiale à sa raison d'être et à son Dieu, et l'écriture alors devient comme une seconde nature de l'être remis en confiance, comme pour le Tchèque Kafka, l'Autrichien Zweig, le Russe Mandelstam également poète... Merci Banniange, un poème de toi, à nouveau en favori car il est écrit magnifiquement, avec ce qu'il lui faut de gravité et ton grand sens du lyrisme et ton esprit insurgé nappe le tout. |
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jacou |
Merci pour ce commentaire enthousiaste, Etienne, ça fait chaud au coeur! | |
Banniange |
Merci Ombelle, puisse le vent t'inspirer de beaux vers! | |
Banniange |
Desnos, Créange, Mandelstam, Vogel, Brunclair autant de poètes morts dans ces camps où ils continuèrent envers et contre tout à ciseler la pierre de leur rêve appelée poésie, merci pour ce commentaire solennel, jacou! | |
Banniange |
Bonsoir, Bel Hommage ! Pensées à ces Plumes qui ont perdu leur Vie pour Liberté de Mots ! Lys-Clea |
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Lys-Clea |
C'est un poème fort, bouleversant. J'aime beaucoup le début de la troisième strophe. Merci pour ce texte. | |
isabelle64 |
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