NAKHODKA

Je me tenais là, noctambule lascif entre les entretoises pétrifiées des quartiers bas,
Sur les trottoirs boréales et marmoréens de la vieille citadelle de Nakhodka.
Toute la nuit nous avions vidé notre pêche, les crabes rouges encore vivants.
Il le fallait, la nuit s'absolvait aux hôtels lumineux qui patientaient notre déchargement.

La ville tourmentée de ses kiosques et du flot continuel des véhicules intransigeants,
Devenait une marée des hommes où sous leurs masques vides et leurs pas nonchalants
Venait à vivre au monde la terre du bout, la terre des mers, la terre rochère de la Russie élégante.
Ni les dieux, ni les turquoises diamantines n'auraient oser se ressourcer à la ville suffocante.

Anushka, de son rimmel frais de l'aube, rinçait les chaises et les accotoirs du square.
Il était tôt, mais l'être rousse avait l'expression qu'offrent celles courageuses vers la gloire.
Elle redressa son visage et vînt croiser mon air damné de poissoneur squelette à la criée.
Elle me sourit, je lui rendis, puis elle poussa les dernières feuilles auprès des trois madriers.

Si peu de choses nous séparaient, elle enveloppa ses mains dans le ruban de son tablier
Et me montra le chemin de la lémure fugitive où les collines accolées noblement à nous s'élevaient.
Jour nouvel de crinoline, de paradoxes contraires entre l'amour et le décours d'une défaite.
Je me tenais là, noctambule pensif entre les escaliers d'ardoises fanés et un sourire comme une fête.

Anushka. Anushka.
Do svidaniya Anushka.