Loin de ma funeste terre
Accoudé au balcon, torsades de fer
Dans le silence pesant de la sorgue
Tel Dante descendant aux enfers
Ni guide, ni muse
La forêt obscure
Le silence !

Soudain
Un rouge queue, Prince des murailles
Oiseau mystèrieux et royal
Tel Jean au désert annonçant le sauveur ;
Dans une sérénade sans pareille
Merveille des merveilles
Célébre la venue toute proche du divin soleil

Au loin
Dans la forêt profonde
Répondant à son chant radieux
Mille gazouillis bientôt raisonnent.
Vient la lumière, agonisent les ténébres
La nuit n'est plus, le jour s'éveille
Céleste splendeur

Fiat lux et facta lux est...
Telle une vague de feu qui déferle
L'ombre doucement illumine
Ruisselle sur les pierres grises
Gagne la montagne sombre
Y fait naître mille formes,
Etincelle !

Je meurs à ce monde
J'appartiens soudain à un autre
Qui imperceptible encore
Se dessine, se dévoile et s'annonce.
Je suis ici, je suis ailleurs
Au coeur de quelque chose,
Au centre de rien ;

L'écrin de verdure au vent frémissant,
M'attire, me charme et m'emporte
Il est midi, il est minuit... qu'importe
Je suis ici, je suis ailleurs
Au coeur de quelque chose,
Au centre de rien ;

Sourire aux lèvres,
Prêt à entrer dans la vie
Prêt à entrer dans la mort.