Dans l'eau du calme fleuve
A trempé son doigt sombre
Un brouillard contagieux
Un ciel second et bas

Les poumons resserrés
Dans leur cage toxique
Ont compressé le cœur
Et la pendule saigne

Le soir n'en finit pas
Ces mots qui m'empoisonnent
Où débute la nuit
Contrôlent ma douleur

Tableau noir uniforme
Estrade qui craquelle
Au carreau des cris sourds
Fendent le verre astral

Les retours incompris
Tombent comme des deuils
Dans l'espace étriqué
Du cadre aux dents d'absence

S'additionnent mes pas
Dans la cour des oracles
Tourne en rondes atones
L'animal à battues

Chasse à court de langage
En chienne de fusil
Le corps tordu d'erreurs
Et des hurlements blêmes

S'ouvre la rose noire
A son bulbe novice
S'incruste l'ongle dur
En mutile la grâce

Des pardons inutiles
Dans un certain déclin
L'exil est l'exutoire
Et la décision prise

En étau me soustrait
Au monde qui s'écroule
Peine à consolider
Le rapport colossal

La blessure est profonde
Et rien ne cautérise
Les vaines espérances
Mes épaules sont basses

Quand le lien qui rassure
Est distant de mes larmes
Pénitence insidieuse
Qui ne sait plus que croire

A croître dans la fange
Des résidus plaignants
La tête en plein séisme
Mes supplications geignent

Et roulent dans ma gorge
Obstruent sa libre route
L'air à manquer de Vous
Se couvre de plasma

Et dans l'hiver étrange
De la glace entre nous
Des vautours qui m'attendent
A leurs pattes ma lettre