Dans le brouillard, les rues s'effacent,
On ne voit plus tous leurs pavés.
Dans les arbres, tous les rapaces
Sont des martyrs aux yeux crevés.
Fini, le temps des certitudes,
Des cris d'amour pleins de tendresse.
On a perdu nos habitudes,
Tout en sombrant dans la paresse.
Dans les mares sèches coassent,
Tous les crapauds en fin de vie,
Nous, on attend que le temps passe,
Pour récupérer nos envies.
On ne boit plus le vin des vignes,
La bouche sèche, on ne prie plus
Et on attend le moindre signe,
D'un dieu à jamais disparu
Le ciel rougeoie, fait des caprices,
Avec ses pluies de feu, de fer,
Il fabrique plein de supplices
Et fait résonner ses tonnerres.
Les oiseaux-lyres sont muets
Et leur parade fait faillite,
Leurs seize plumes fatiguées,
Font des promesses illicites.
Même le diable a pris la fuite,
En emportant les chauds tisons,
Les vieux sorciers, et à leur suite :
Les succubes et les démons.
Que reste-t-il sur cette Terre ?
Les fous, les rêveurs, les malades,
Tous les vieux clowns dans leur misère,
Mimant une pantalonnade.
Tous, nous devînmes comme Orphée,
Celui qui regarda derrière,
Qui renvoya sa bienaimée
Eurydice, dans les enfers.
Virgile.
Eurydice, est dans la mythologie grecque, une très belle nymphe, divinité de la nature, vivant dans les forêts, femme du poète et musicien Orphée. Peu après son mariage, Eurydice fut mordue au pied par un serpent et mourut. Éperdu de chagrin, Orphée descendit aux Enfers pour retrouver sa femme.
Chantant et s'accompagnant à la lyre, il supplia Hadès, dieu des Morts, de relâcher Eurydice. Sa musique émut tellement Hadès qu'il permit à Orphée de ramener sa femme avec lui à la condition qu'il ne se retourne pas tant qu'ils ne seraient pas revenus à l'air libre. Ils avaient presque fini leur remontée lorsque Orphée, éperdu d'amour et plein d'anxiété, se retourna pour voir si Eurydice le suivait. Le charme rompu, Eurydice fut renvoyée pour toujours dans les enfers.
Écrit par virgile
On ne peut être poète sans quelque folie. Démocrite.
Catégorie : Fantastique/Sf
Publié le 11/06/2021
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Le rythme, l'atmosphère, les termes choisis, tout cela orchestre la réussite de ce poème. | |
Zigzag |
Très très beau Merci Virgile |
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Edelphe |
Merci Zigzag. Merci Edelphe. |
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virgile |
Aïe ! Si bien conté ! Merci et bravo Virgile pour cette leçon de mythologie doublée d'une autre de poésie ! |
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Yuba |
Une interprétation moderne particulièrement pertinente du mythe d'Orphée. Qu'avons-nous fait de nos quêtes d'absolu ? Les avons-nous donc définitivement expédiées aux oubliettes à force de nous regarder vivre dans nos miroirs, en mode selfie ?... L'écriture est ciselée, avec cet art que vous possédez à merveille de saisir l'idée juste en des vers brefs et forts. Vraiment bravo ! --------------- Oserai-je un simple avis complémentaire quant à deux écueils auxquels il me semblerait utile de prêter attention ? - L'emploi du "nous" et du "on" dans un même texte affadit un peu la tournure littéraire du poème, et c'est dommage. - L'expression "plein de" pour signifier "de nombreux", "beaucoup de", voire "nombre de" est un peu trop enfantine. Son usage s'est répandu dans toutes les sphères de la société, y compris journalistiques, et c'est franchement regrettable ... Ce ne sont là que mes impressions, de simples avis donnés sans volonté de vous faire la leçon, mais j'ai pris cette liberté car j'ai décelé chez vous un talent hors du commun et une culture remarquable, aussi ai-je pensé que vous pourriez accueillir ces conseils sans vous en offusquer. J'espère ne vous avoir ni offensé ni choqué, et si c'est par malheur le cas, je vous demande pardon. |
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Ombrefeuille |
Allongée à l'ombre des feuilles, La critiqueuse sommeillait, Quand soudain elle ouvrit un œil, Pour se moquer des vers mauvais... ------------- Avachie à l'ombre des feuilles, La critiqueuse sommeillait. Elle fusa de son fauteuil, Et déterra les vers mauvais. |
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virgile |
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