Ca sent le jasmin, la rose et la poussière,
Dans cet espace où jouent de fines poupées,
Où des soldats de plomb à la tête coupée,
Marchent en silence sur un nid de vipères.

De si mauvaises rêveries, juste des images,
Projetées sur l'écran du salon abandonné,
Des pommes moisies, et des vieux fromages
Jonchent le guéridon aux relents amidonnés.

De flasques araignées tissent sans entrain,
Sur de petits meubles à moitié défraîchis,
Des figurines regardent passer les trains,
Et des vielles peluches demeurent avachies.

Où sont les enfants qui riaient ça et là ?
Les tâches de confiture sur les napperons ?
Quelques fantômes dépriment en voyant cela,
Dans le vase sèchent de si vieux liserons.

Ca sent le camphre mêlé d'un vieux whisky,
La tranche des livres projette des oeuvres,
Pages de Goethe, Baudelaire ou Dostoïevski,
Jusqu'à l'être de Jules Verne et sa pieuvre.

Des bruits de vent bousculent les battants,
Des volets clos depuis les anciens empires,
Il ne restent que des fils, et là pourtant,
Les hauts rideaux de velours se déchirent.

Des souvenirs multicolores et des portraits
Couverts d'une écume d'où exhale un remord,
C'est elle, ressemblance traits pour traits,
Qui regarde l'horizon sans fin de la mort.

Dehors elle s'expose au regard des passants,
C'est l'ancien monde qui de loin fascine,
Ravive le rêve d'un nouveau poète naissant,
A l'aune d'une histoire que chacun devine.

La maison de poupée faite de bois et d'âmes,
Résonne encore de ses vieux jeux si désuets,
Elle doit repousser la menace des flammes,
Au risque de ne léguer qu'un souvenir muet...

OR