Tu ressens toujours ce tout et ce rien, comme personne ne le voit,
Comme un souffle, une odeur, une couleur, une voix,
Tu dis souvent "oui", à ce qui te répugne,
Parcequ' au fond, tout te répugne,
Alors sur ce comptoir, ou dans un autre squat,
Il t' arrive parfois de gueuler "so what ?"
Tu finis toujours par trouver quelqu'un,
Pour t'écouter déblatérer ce vide d'aggloméré,
De pensées, de haine, de dédain et de déclin,
Quand il est vraiment tard, tu te rêve rebelle,
En Morisson, en Kerouack, en triste Bebel,
En Dorden sous glycérine, en Sid Vicous halluciné,
En Joplin, en Lou Reed sous héroïne,
En plant de thé en Jamaïque,
En Iggy Pop sans héroïne,
En baudelaire mélancolique,
Mais tu le sais,
Oui tu le vois,
Tu la connais,
Cette dure loi,
"T' en as le fond et la forme,
Mais dans le fond t' es dans la norme"
Car demain avec ton mal de tête,
Tu iras quand même au charbon des ascètes,
Ordinaires, et bien cachés, dans leur fade microcosme,
Dans cette confortable et familière osmose,
Que la vie est vide pour toi, observateur avisé,
Ça l'est encore plus maintenant, rebelle aviné !
Mais tu as besoin de cet ennui, pour ta plume acérée,
Pour aiguiser la foi, de ton estomac ulcéré,
Car tu vis pour le rebelle de minuit,
Celui qui t'anime la nuit, quand le jour t' a nuit,
Dans la vingt cinquième heure,
Qui fascine les solitaire, et leur fait peur,
Donc ne jette pas cette lettre à la poubelle,
Ce que tu as écris, après trop de ritournelles,
Jouées par les ballons et les flutes affriolantes,
Sur le rythme du buffet, en tétris de Marijane,
Sera peut être lu, jusque dans l'éternel,
Par les dingues et les paumés en dilettante,
Et toucheront ainsi, par leur vérité faussement abstraite,
Quelques profanes avides, qui les lieront d'une seule traite.