Les amours vrais sont tenaces comme les Nîmes ;
Peu importe la lame qui les assassine,
Il survit toujours une perfide racine,
Qui, tapie dans les abîmes, les réanime !

Carine, de ta trahison les noires griffes
Pendent encore sur de mon cœur les lambeaux,
Mais j'ai beau t'enfouir dans de mon cœur les caveaux,
Rien n'y fait ; tu renais comme hydre de Sisyphe !

Moult fois, j'ai voulu stimuler mon lâche cœur,
En lui rappelant les paroles sans pudeur,
Qu'en cette nuit où tu brisas notre serment,
Tu chuchotais à l'oreille de ton amant !

Hélas mon cœur n'est plus mon allier, qui t'adore
Malgré ta trahison qui le dévore encore,
Et l'ardeur de la haine qui remue en moi
Ne l'affranchit guère de son amour de toi !

Quoi mon crime ? Que me vaut donc, O Providence,
Ton courroux et les rigueurs de cette sentence,
Qui me condamnent à chérir jusqu'au tombeau
La Furie qui met mon cœur en mille morceaux ?

O mon Dieu, je suis las ; las de ce grand chagrin ;
Las de me battre contre mon cœur et moi-même ;
Las de vouloir éteindre cette flamme en vain ;
Las enfin de haïr une femme que j'aime !

Kaya, septembre 2006