Je suis un homme
Un homme multiple
Je suis un homme multiple d'une multitude
Dialectique, multitude vertigineuse
Je suis le jour
Je suis la nuit
Je suis le doux ruisseau qui murmure
Je suis le fer incandescent au bras du soldat.
Dis-moi
Art des mots qui convolent en noces heureuses
Des mots qui se heurtent
Des mots qui bruissent dans un harmonieux cliquetis
Oui ; dis moi Dame Poésie !
Pourquoi m'as-tu choisi ?
Tu me savais destiné au métier de Mars
Depuis que je suis tendre bourgeon ;
Ce métier où le mot a peu de place,
Et tu es venue me hanter,
Faisant de moi un homme condamné
Au tiraillement éternel.
J'aime l'Armée ;
J'aime ce métier qui sied bien
A mes origines glorieuses !
Je suis digne descendant du Naaba KONKIS
KONKIS homme de grand cœur ;
KONKIS digne fils du MOOGHO NAABA KOUMDOUMYEMBRE
Parce que j'ai ce grand Sang Royal
Qui coule fièrement, coule sempiternellement
Dans mes noires veines,
J'aime ce métier épique !
A la passion, j'aime l'art de la guerre !
Et pourtant
Pourtant la gêne me prend
En longueur de journée.
Elle me tient la gorge
Fort comme serres d'aigle royal.
Mon cœur aussi est devenu pluriel !
Il me crie : DEVOIR !
HONNEUR !
GLOIRE !
Et d'un côté, il se laisse bercer
Par la douceur du monde
Exprimé par les mots.
Il chavire chavire chavire
Tel un petit navire
Par la brise caressée.
En ces moments là ; O haïssables moments,
Il me chuchote tout doux :
« Petit poète, seule la beauté est vraie,
Seule elle fait des plus grandes beautés
Des beautés immortelles.
Oui ; elle seule doit compter à tes yeux.
La vaine gloire, l'insensé orgueil,
Ne sont que poussière et mortelle vanité.
Jongle les mots, pétris les mots
Et fais en des diamants claquants.
Oublie, oublie donc le fer et saisis les mots.
Avec eux, tu pourrais te bâtir un empire
Sans même quitter ta cellule
Sans même quitter ton pupitre.
La poésie elle aussi est une arme ;
C'est un fer
Fer blanc
C'est un fer
Fer pur
Plus pur que de la blanche neige,
Les plus blancs flocons.
C'est un glaive qui plonge dans le ventre,
Remonte au thorax et saisit le cœur
Le perce horriblement,
Mais un fer qui ne verse pas de sang.
Il perce sans endeuiller,
Il ne brûle pas ; ne met pas à sac ;
Il ne nourrit pas le vautour millénaire ;
Mais triomphe toujours ;
Il redonne vie ;
Il fait naître de nouveau… »
Tais-toi ! Tais-toi cœur efféminé !
Tu n'as pas de remède à mon malaise
Que faire face à ce couscous maudit ?
Si j'en mange,
Je perds ma mère,
Si je n'en mange pas,
Je perds mon père
Je ne veux pas choisir !
Je ne peux pas choisir !
Je veux le glaive compact
Je veux l'honneur
La responsabilité
La gloire
La grandeur du berger
Je veux à la tête des hordes meurtrières
Lancer mon pur sang au triple galop
J'aime ce sens du devoir
Du sacrifice éternellement consenti
Il est en moi
Sommeille en moi
Se réveille en moi
Je ne peux l'en extraire sans me perdre
Mais aussi ; mais aussi
Je veux ces moments où mon âme
Se libère et va se promener au loin ;
Ces moments où mon cœur
Va cueillir au loin les mots
Pour en faire des bouquets éternels.
Passion émotion honneur gloire
Action passive passivité active
Fer fleur verre cristal
Je vous aime tous
Vous me faites mal
Mais je vous garde tous
Faites moi mal ; je vous garderai en moi.
Mon cœur sera pour vous un champ désolé de bataille
Un jour mon bras tiendra le glaive
Un jour mon bras tiendra la plume
Un jour je crierai furieux
Un jour je chuchoterai des mots en fleur
Un jour je verserai le sang ennemi pour le sommeil de mon peuple
Un jour j'enverrai dans le vent mille colombes blanches
La plume et le glaive armeront mon bras
L'Art et la Force cohabiteront en mon sein
J'en paierai le prix ;
Ce lourd tribut qu'est l'instabilité,
Le doute, l'incompréhension
L'ignorance de moi-même,
La confusion, le conflit…
Un jour,
O vivement qu'il vienne
Ce jour,
Quand le fer ennemi ouvrira mon grand cœur,
Ou quand se présentera la nuit de ma vie,
Ce jour là,
O mortels derrière moi restés,
Mettez, mettez dans mon bras
Un glaive
Un glaive fait d'or et d'argent ;
Mettez, mettez sur ma poitrine
Un recueil
Un recueil de beaux vers !

KOULIKORO, février 2004

Écrit par wendinmi
O mon Seigneur, tu fis de l'amour un délice,Mais qui aime sans être aimé court au supplice!
Catégorie : Divers
Publié le 13/03/2012
Ce texte est la propriété de son auteur. Vous n'avez en aucun cas le droit de le reproduire ou de l'utiliser de quelque manière que ce soit sans un accord écrit préalable de son auteur.
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Posté le 13/03/2012 à 17:02:13
iL est logique qu'un soldat soit tiraillé lorsqu'il est poète en même temps, mais peu importe le métier que l'on fait il est toujours en contradiction avec la poésie que l'on peut avoir en soi.
C'est vrai qu'un soldat lorsqu'il porte le brin d'herbe ou la marguerite à la bouche doit s'assurer lorsqu'il est sur un champs de bataille que le végétal n'est pas taché de sang. l'important est d'être un vrai militaire et non un gamin drogué comme on a pu voir en Afrique. La guerre a l'avantage d'être encadrée par la paix ( avant et après ) et c'est bon pour le repos du guerrier notamment le guerrier poète
En tout cas le poème est très intéressant et pourrait être mis en rapp
PATGUI
Posté le 13/03/2012 à 18:29:31
Qu'est-ce que c'est beau !
Et pourtant moi tu sais, les militaires...bof, bof !
La puissance de ce poème m'a assise, je suis toute tourneboulée.
J'ai aimé cette contradiction entre l'armée et la poésie, aimées toutes les deux avec passion.
Une extraordinaire contradiction.
Magnifique !
Iloa Mys
Posté le 13/03/2012 à 22:24:43
Oui t'as raison mon cher PATGUI, le plus important c'est d'être un vrai soldat, et non un gamin drogué comme on le voit sur bien des champs de boucherie et pas seulement qu'en Afrique ! Après tout un soldat sans formation politique et idéologique solide est un assasin en puissance ! Ca aussi c'est valable pour tous les soldats du monde. Merci mon frère d'être passé, et merci pour le compliment ! Quant à toi, chère Iloa, ce poème est tout à toi. Hey, j'ai adoré ce mot : tournebouler ! J'l'avais jamais entendu ! Merci pour tes beaux compliments !
wendinmi
Posté le 14/03/2012 à 05:11:32
Je préfère la poésie à l'armée.
eric
Posté le 14/03/2012 à 07:17:34
Un conflit intérieur écrit comme une confession t'honore car il faut aussi du courage pour reconnaître ses faiblesse à ce haut niveau de responsabilité . Soldat où pas, conviction où sans, c'est toujours à un moment le danger de prendre la vie, une vie d'une personne qui défend elle aussi ses convictions. La poésie dans tout çà peut trouver une place parce que l'homme n'est pas foncièrement méchant je crois.
TANGO
Posté le 14/03/2012 à 17:22:55
Wendinmi,

Il y a eu dans l’histoire beaucoup de guerriers poètes, voir cela était indissociable dans certaines culture pour les guerriers de haut rang.

La guerre est une chose.
La poésie en est une autre.

L’une comme l’autre peuvent se rejoindre pour exprimer et évacuer les affres de la guerre.
Posté le 14/03/2012 à 17:23:27
Commentaire ci dessus de Bragi...
Bragi
Posté le 14/03/2012 à 20:23:19
Comme le chevalier blanc tu erres. A la fois le poète, à la fois le guerrier. En fait, tu es l'Homme incarné. Je croirais voir ces chevaliers d'un autre temps, seuls à connaître les lettres, seuls à combattre les êtres.

Grand moment de poésie.

Tifant.
Tifant
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Bonsoir à tous
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