Cloîtrée dans un couvent,
Chloé la vieille nonne,
N'entend plus que le vent
Et ne voit plus personne.
Depuis combien d'années,
Muette, elle s'ennuie ?
Travaillant en journée,
Elle prie chaque nuit.
Pourtant elle a connu,
Dans sa brève jeunesse,
Un curé devenu,
Margot la chanoinesse.
Elles s'aimaient, muettes,
En haut du vieux clocher,
Coiffées de leur cornette,
Sur le sol dur, couchées.
Il faudrait que tu puisses,
Sans pudeur, écarter,
Chérie, tes belles cuisses,
Disait l'ancien curé.
Et Chloé rougissait.
Margot tâtait ses seins,
Ces sphères qu'elle aimait,
Soupeser dans ses mains.
Mais un soir de carême,
Louis, le vieux bedeau,
Les vit, pleines de crème,
Se lécher le plumeau.
Il alla illico,
Jaloux, les dénoncer,
A l'évêque. Et presto,
Margot fut renvoyée.
Quant à Chloé, tondue,
Elle fut enfermée,
Dans un couvent perdu
Bien loin de l'évêché.
Virgile.
Écrit par virgile
On ne peut être poète sans quelque folie. Démocrite.
Catégorie : Triste
Publié le 04/05/2021
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Être nonne c'est un chemin de croix fascinant. Car avant tout on est humains, plein de désirs et contradictions. Merci de ce poème original qui finit bien tristement pour Chloé. | |
Asté |
Merci Asté. | |
virgile |
Pauvre créature ! Une histoire triste mais si bien contée ... Bravo Virgile ! |
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Yuba |
Merci Yuba. | |
virgile |
Une écriture toujours aussi aboutie, accomplie, et pour cela bravo ! Une histoire, cependant, comme j'ai peine à croire qu'il y en ait eu beaucoup, tant elle est un concentré de spirales descendantes. Cette plongée dans les souterrains de l'âme humaine, qui fait songer à "La religieuse" de Diderot et à certains poèmes de Baudelaire ("Les deux soeurs", "Femmes damnées"), dit en revanche beaucoup de notre époque, si désespérée, tellement privée de sens et de lumière, qu'elle en vient à cultiver son mal-être ... Un poème douloureux, donc, non pas d'abord parce-qu'il griffe (même s'il est vrai qu'il griffe bel et bien), mais parce-qu'il se tord comme le cri d'un être écorché par les déchirures du temps présent. |
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Ombrefeuille |
Ombrefeuille, merci pour vos commentaires si riches. J'adhère parfaitement à votre idée " d'un être écorché ". Un poète ne peut pas écrire seulement avec sa plume. Il écrit, souvent inconsciemment, avec son cœur, son âme et ses souffrances. |
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virgile |
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