Fiction.

Que d'années sont parties,
Quand je l'ai retrouvée.
Sur un trottoir, assise.
Ses yeux perdus suivaient,
Cette eau qui ruisselait,
Ténue, sur les pavés.
Son sourire avait fui,
Au-delà des montagnes
Et ses seins, fruits tombés,
D'un figuier desséché,
Bosselaient avec peine,
Son corsage sali.
J'ai vu que c'était ELLE,
Pourquoi ? Je ne sais plus !
Mais mon cœur s'affolait.
Des tambours, dans ma tête,
Issus d'un autre temps,
Entamaient avec fougue,
Comme une symphonie.
Ses cheveux, autrefois,
Brindilles si soyeuses,
Dansant avec bonheur,
Sous le souffle du vent,
Avaient pris maintenant,
La couleur de l'oubli.
Je me suis accroupi,
Face à elle, espérant,
En cherchant son regard,
Rallumer les tisons,
D'un feu imaginaire,
Depuis longtemps éteint.
Ses beaux yeux, lieux d'accueil,
Des planeurs intrépides,
Qu'elle plantait jadis,
Sur la toile si bleue,
Du ciel enrubanné,
Semblaient se contenter,
De tremblants clignements.
Le doute maléfique,
En devenait obèse,
Engraissé malgré lui,
Par ces pensées malsaines.
Regret et jalousie,
Avaient soudain éteint,
Les joyeuses cymbales,
Des moines tibétains.
Ma main frôla la sienne,
Avec autant d'effet,
Que le dard d'un moustique,
Sur le dos repoussant,
D'un varan ahuri,
De l'île Komodo.
L'oubli, après la haine !
A regret, ses paupières,
Semblaient se défroisser
Et son regard, enfin,
Perça l'épaisse brume.
J'ai voulu lui parler,
Lui dire que le temps,
Sans elle, devenait,
Une enclume rouillée,
Un pneu de bicyclette,
A jamais dégonflé.
Que les longues minutes,
Engrossaient les horloges,
Que les heures nocturnes,
N'en faisaient qu'à leur tête,
Avançant, reculant,
Tout en se chamaillant,
Aux heures matinales,
Quand approchait l'aurore.
Ah, que chaque moment,
Sans ELLE, était un gouffre,
Le lit, la planche à clous,
D'un fakir dépressif.
Et son absence était,
Une ville sans cirque,
Une grande surface,
Dépourvue de Mac-Do,
Un jet d'eau enrhumé,
Des trottoirs ramollis
Et des cornets fripés,
Sans glace à la vanille.
Sans ELLE, mon amour,
Était une momie,
Un papillon collé,
Sur les fibres froissées,
D'un mouchoir en papier,
Longtemps utilisé.
Je me fichais, sans elle,
Du climat réchauffé,
Des tremblements de terre,
Des guerres, des famines,
Des divorces « peoples »
Et des épidémies...
Ma vie était cruELLE :
Je n'étais rien sans ELLE !

Virgile.https://www.youtube.com/embed/gKkJoA6jTow?rel=0&autoplay=1

Écrit par virgile
On ne peut être poète sans quelque folie. Démocrite.
Catégorie : Amour
Publié le 14/10/2020
Ce texte est la propriété de son auteur. Vous n'avez en aucun cas le droit de le reproduire ou de l'utiliser de quelque manière que ce soit sans un accord écrit préalable de son auteur.
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Commentaires
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Posté le 14/10/2020 à 11:52:08
"Un papillon collé,
Sur les fibres froissées,
D’un mouchoir en papier,"

magnifique, comme toutes les images inspirées par cette Elle , grandiose en poésie de la vie qui passe...

Merci et bravo Virgile!
Yuba
Posté le 16/10/2020 à 16:41:36
Magistral :) à aucun moment je ne me suis égarée ...par instant j'ai eu un air grave Un air étonné un sourire en coin j'avoue j'ai tout aimer
Merci virgile :)
MARIE L.
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17/04 07:42Sarahg
"C'est pas marqué dans les livres que l'plus important à vivre est de vivre au jour le jour, le temps c'est de l'amour..."
17/04 07:25Plume borgne
Les décisions sont un fléaux
17/04 06:51Sarahg
Indécis et ancré à la terre du destin.
17/04 05:00Plume borgne
Essaye d'imaginer quelque chose en étant le plus indécis possible
17/04 02:47Sarahg
Imagine qu'il n'y ait jamais de tristesse indicible
16/04 08:28Plume borgne
Imagine qu'on parvienne à tuer l'ennui
15/04 10:58I-ko
imagine qu'il n'y a rien à tuer ou à mourir
15/04 05:16Plume borgne
Pourquoi ne pas imaginer l'imagination ?
14/04 04:41Bleuet_pensif
Si seulement cette imagination était réelle...
14/04 04:31I-ko
imagine tous les gens vivre leur vie en paix
12/04 07:39Ocelia
Imagine les gens vivant pour maintenant, imagine si le paradis était un mensonge. Lennon
11/04 04:10Sarahg
À méditer pour vous en ce jeudi.
11/04 04:09Sarahg
"La folie est un don de Dieu". Jim Fergus
08/04 11:25Sarahg
Portez vous bien les poètes.
08/04 11:25Sarahg
A méditer : on ne se trompe pas de chemin ; on avance, poussé par nos ailes.
08/04 11:13Sarahg
Bonne soirée et bonne nuit à vous, Ange de Lumière.
08/04 09:11Ange de Lumiere
Très belle soirée à tous
08/04 08:42Ange de Lumiere
Bonsoir les poètes
07/04 09:03Ange de Lumiere
Bonsoir à tous
07/04 08:59Yuba
Je souhaite la bienvenue à Ange de Lumière, de nouveau parmi nous chez les modos :)

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