Internezzo
(histoire vécue)

J'allais, solitaire sur les chemins d'internet.
Je croisais des ombres délétères,
Souriantes, me faisant un signe
Que je leur rendais.

Et continuais ma route sur les chemins d'internet.
Je n'y rencontrais en somme,
Que moi-même.
Visage tordu et sans grâce.

J'allais solitaire sur les chemins d'internet,
Peuplé de fantômes
Qui me ressemblaient
Et m'étaient étrangers.

J'allais solitaire sur les chemins d'internet,
Errant comme un gyrovague
sur le place publique, le forum des romains.
Et mes mots transparents n'avaient aucune résonance.

J'allais solitaire sur les chemins d'internet,
Badaud inconstant et candide.
Une ombre resplendit et se fit femme
Prenant ma main ébahie.

Nous marchions, tous les deux sur les chemins d'internet.
Le temps fut abolit.
Autour de nous, les années passées
Dansaient la farandole.

Nous marchions tous les deux sur les chemins d'internet.
Son sourire éclairait avec douceur
La place qui se peuplait.
Et les étoiles allumaient leurs lampions.

Nous marchions tous les deux sur les chemins d'internet.
Mais dans le ciel une ombre nouvelle,
Un impitoyable oiseau de proie.
Ses ailes déployées éteignirent les étoiles.

Nous marchions tout les deux sur les chemins d'internet,
Chacun de son côté, perdu dans le noir absolu.
Et l'aigle magnifique imposait sa puissance,
Impérieuse et inexorable.

Je marchais, solitaire sur les chemins d'internet,
Aveugle aux yeux crevés
Dans un désert de nuit.
Et le rêve se brisa sur les chemins d'internet.

Je ne marche plus sur les chemins d'internet.
Vieillard apaisé rendu au quotidien,
Regardant sa vie simple,
Loin des chemins d'internet.