Le soir où je t'ai rencontrée
tu vendais tes charmes presque nue
couchée là, perverse ingénue
dans cette vitrine mal fréquentée

A l'instant je t'ai désirée
je t'ai payée puis emmenée
dans ma tanière pour t'y aimer
mais à moi tu t'es refusée

Depuis chacune de mes journées
je n'ai cessé de t'admirer
te convoiter, te caresser
essayer de te faire vibrer

Tu m'as fait pleurer quelquefois
tu m'as même fait saigner je crois
ma belle si parfois tu me blesses
je reste l'esclave de ta tendresse

Tes effluves me chavirent le coeur
je m'enivre de ton odeur
mélange de senteurs exotiques
pour ce voyage initiatique

Et quand tu te pends à mon cou
hautaine comme un précieux bijou
à mon tour je me sens briller
si fier d'exhiber ta beauté

Tu sais ta fougue, ta jeunesse
ton corps triomphant de déesse
emplissent mes nuits et mes journées
me redonnent l'envie de rêver

Souvent je suis si maladroit
si peu habile à ton endroit
que tu t'en viens préférer
à d'autres que moi te donner

Et même si je suis jaloux
même si de toi je suis fou
je t'abandonne laissant leurs mains
caresser ta peau de satin

Mon amour je te sais volage
tu n'as rien d'une enfant sage
mais sitôt vos ébats passés
tu reviens à moi te confier

Dis moi que serais je sans toi?
une ombre pâle et sans émoi
un ciel d'hiver triste et mouillé
épilogue d'une vie bâclée

Mon ultime désir ici bas
dernier rêve avant le trépas
nous unir d'un commun accord
te faire vibrer jusqu'à la mort.