Mignon Coquet

Saint Mignon était séraphin au purgatoire ;
Toisant les âmes selon leur terrestre histoire.
Ange de peine à la conscience irréprochable,
Aucune âme n'était « quantité négligeable ».

Pas de retraite, pour un divin fonctionnaire.
Les coups de feu sont plus fréquents par temps de guerre.
L'élevage d'homo sapiens, pose problème ;
Surtout, depuis la mort du vieux Mathusalem.

A la barbe de Dieu, Mignon quitta les cieux,
Pour un monde, qu'il souhaitait moins belliqueux.
Où l'intensive procréation du bas ventre,
Fige les âmes, en longues files d'attente.

Peuple de la Terre, cheptel du purgatoire,
Du spirituel ou du médecin, qui croire ;
Pour arriver, enfin, au jugement dernier,
Avec toutes ses dents et en bonne santé ?

Notre ange, en quête d'une chaire, pour prêcher,
Finit en bête de scène de cabaret.
Vêtu de plumes et sensuels accessoires,
Saint Mignon devint coquet, pour son auditoire.

Déchu de son titre « d'ange » et toujours sans sexe,
Mignon Coquet prêchait l'ascèse sans complexe.
Au nom de la liberté et de l'amour libre ;
Pour une planète où il serait bon de vivre.

Sans sur peupler les villes et les cimetières.
Sans la moindre pénurie et la moindre guerre.
Mais au nom de Dieu, l'homme bâtit ses empires.
A tout partager ; il préfère conquérir.

Désormais, le purgatoire n'est qu'un moulin ;
On y entre sans frapper, par tous les chemins.
Les voies tracées par l'humanité elle-même,
Sous le regard nocturne de la lune blême.

Qu'est devenu, le célèbre « Mignon Coquet » ?
En manque d'effectif, Dieu l'a-t-il rappelé ?
Il ne danse plus au bal costumé des pitres ;
Cabaret, enclos du cheptel de nos élites.

Qu'est devenu, le célèbre « Mignon Coquet » ?
Serait-il dans un de vos temples, statufié ?
Pour que tous les traumatisés de l'au-delà
Allument un cierge et chantent « l'ave Maria ».

Qu'est devenu, le célèbre « Mignon Coquet » ?
Par sécurité, vous ne le saurez jamais.