De quel œil d’or nous voit cette princesse-là ?
De l’or pur de cent grains éclatant sur la dune.
Mais ce n’est pas un œil, ce doit être un éclat
De soleil malheureux qui disparaît, lacune
Dans une nuit plus noire et pressentant le glas
D’un univers transi, quand grimpant dans la hune,
Partie elle paraît déjà vers l’au-delà.
Puis revenant toujours, en suivant sa fortune,
Un soir, rasséréné, on se dit : « La voilà! »
On ne lui en veut pas ni ne lui tient rancune.
Inaccessible belle, elle n’est pas lilas
Pour être poinçonnée. Elle est fort peu commune
Et même elle est divine, ayant plus d’un prélat
À son service. Éris, Héra, Vénus, … Aucune
Ne lui disputerait le fruit du berger las…
Sa beauté est mystère. Est-elle blonde ou brune ?
C’est selon ses états, de Charybde en Scylla
N’étant jamais la même : une fois tel Neptune
D’un saphir de lagune ou d’un bleu de verglas,
D’autres fois rouge tel le sang de Rodogune,
Rousse, rubis, grenat, qu’aime Caligula.
Muse du mime blanc qui n'en adore qu’une,
Dédaignant l’homme, hélas ! Au ciel donnant le la
Et sereine à pleurer, cet astre c’est la lune.
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