Que l'on ait que cinq ans
au temps d'une bêtise
comme un jouet en ruine,
que déjà on devine
la bêtise des grands,
du temps que ça se sache
au temps que ça se fâche
le temps de se cacher
au sein de son église
sachant qu'on va pleurer.
L'enfance,
C'est beaucoup dans la chambre.

Que l'on joue dans la boue
à transformer la boue
en boule de neige,
puis rentrer peint de neige
au ventre du cocon,
brusquement un vieux singe
vient disputer de linge
doigts tendus jusqu'au front
puis filer dans sa chambre,
tendre histoire d'attendre.
L'enfance,
C'est jouer puis pleurer.

Que l'on fasse le singe
pendu aux bras des arbres
pendu aux cheveux des saules
y'a toujours de vieux singes
durs, lourds comme du marbre
la tête dans les épaules
qui te poussent à descendre
trop hantés par la mort
et le sommet alors !
puis grimper dans sa chambre.
L'enfance,
C'est rire puis pleurer.

Que l'on soit un indien
à cheval sur son chien,
que l'on soit un oiseau
voulant plus haut, plus beau
y'a les bras d'une cage,
alors on joue bien sage
là devant la famille
dans leurs rires imbéciles
des couleurs qu'on invente
des couleurs que l'on chante.
L'enfance,
C'est rêver puis pleurer

Que l'on touche des mains
puisque tout est un jeu
mais de main de vilain
toucher qu'avec les yeux,
des yeux remplient d'étoiles
qui touchent avec les mains,
quand tout à coup éclate
sur la main une claque
que soudain les étoiles
brillent comme des larmes.
L'enfance,
C'est aimer mais pleurer.
L'enfance,
L'enfance.