Frimas.

Ce matin le frimas saupoudrait, la sente chevrière
J'imprimais sur le sol la trace de mes pas
Mon chien tout ébahi trottinait en arrière
le museau furetant à l'orée du sous-bois.

La brise matinale cinglait le visage
Dolly ne semblait pas troublée par l'air cuisant
Elle courait queue en l'air inspectant le bocage
Recherchant le fumet d'un perdreau , d'un faisan.

Cette heure matinale revêtue de silence
Invitait mon coeur lourd à la contemplation
Je marchais calmement dans la magnificence
Qu'offrait le paysage à la morte saison.

Dans le ciel tournoyait le vol noir des corbeaux
Scrutant depuis l'azur le corps d'un agneau mort
Egorgé par des chiens errants sur le plateau
Le troupeau transhumant parfois subit leur sort.

L'horizon rougeoyait et enflammait la terre
le clocher de l'église égrenait les huit coups
Je ressentis l'humeur d'aller au cimetière
Déposer pour les miens une branche de houx.

Mon chien marquait quelque impatience
Il nous fallait rentrer le froid nous pénétrait
Et c'est auprès du feu que Dolly dévorait sa pitance
Moi j'allumais ma pipe et buvait mon café.