La vague sur mon cœur a laissé son écume.
Aucune vague au monde ne reviendra pourtant
Recouvrir cette plage de son suaire d'argent.
Un goéland s'envole dans un voile de brume.

Je pleure ton départ mais te suis à la trace.
Je marche dans tes pas le long de la lagune
Qui scintillent éclairés par un halo de lune;
Mais voilà qu'au ressac la vague les efface;

Une barque, un cercueil, une lanterne qui luit,
Le batelier des cieux sur la berge t'attend;
J'ai posé sur tes yeux deux sesterces d'argent
Un bulbe de rosier et un millepertuis.

Voyez sous le radeau l'océan qui sommeille,
Les écueils déchirés dans la nuit se recueillent
Et s'inclinent revêtus de leur habit de deuil,
Attendant patiemment que Neptune se réveille.

Un silice est posé qui enserre mon cœur
Et grave un sillon de ses récifs tranchants;
La houle qui déferle et s'écrase aux brisants;
Je ressens dans mon corps cette immense douleur.

Les étoiles me content l'histoire de ta vie,
Je sens brûler en moi le sang de mes ancêtres,
Je tire de ta force de ne pas me soumettre
Car je sais maintenant d'où je viens qui je suis.

à mon épouse,
à notre maman,
à notre mamie,
nous tous qui l'aimions tant.