Je voudrais tant, cueillir tôt le matin la rose,
Me rafraîchir à l'eau claire de mille fontaines
Respirer les parfums au milieu de la plaine
Serrer très fort ma mère, composer un poème
Entendre encore son rire, lui dire « maman je t'aime»
Bercer un nouveau-né qui sourit, sans défense,
Mais aussi naviguer sur une mer immense
Entendre le fracas des vagues sur la coque
Valser sur la musique d'un air de notre époque
Enivrer par le vin, chérir tous mes amis
Vivre des lendemains, ma famille réunit.
Voir une table dressée remplie de victuailles.
Mais je n'ai dans les mains, que mon sang, mes entrailles,
A vingt ans avoir fait déjà tant de batailles.
Tomber à Vitoria sous le feu, la mitraille
Je sais qu'on ne choisit pas toujours l'heure de sa mort
Pis, on ne prédit jamais quel en sera le sort»
Le médecin français se penche vers le blessé
Referme sa capote, essaie de l'allonger
Mais il meurt dans ses bras, un doux sourire aux lèvres,
Qu'importe l'uniforme, c'était quand même un frère.
Adolescent sorti, de l'école militaire
Il n'a jamais connu que l'horreur de la guerre.
Les larmes au bord des yeux, le père se retient,
L'honneur passe avant tout, bien avant le chagrin.
« Voulez-vous l'emmener ? » « Non, dit le colonel
Sa tombe est ici, moi le devoir m'appelle. »

Sept mille cinq cent tués, blessés ou prisonniers
Pour quitter un pays c'est le prix à payer,
Le roi et son cortège voulant sauver leur peau,
De cette coalition aux multiples drapeaux,
Commandée par Wellesley, duché de Wellington
Et Miguel Avala d'Esquivel, son second,
Sur un champ de bataille proche de Vitoria
Ce vingt-et-un juin année dix-huit-cent-treize
Sanctionne la retraite de notre armée française
Dans sa fuite, Bonaparte, Joseph premier de nom,
Couronné par son frère, l'empereur Napoléon,
Oubliait le fait qu'il était l'envahisseur,
La France était vaincue, l'Espagne sortait vainqueur.
Il a fallût huit ans pour que s'apaise la haine,
Lorsque Napoléon mourut à Sainte-Hélène.

Saint-François le 14 Janvier 2014.