En des temps reculés était une jeune louve,
Dont les yeux étaient d'une beauté à faire pâlir les étoiles
Et dont le pelage rivalisait d'éclat avec la Lune.
Mais la belle vivait seule, chassée par les siens.
Ô jolie louve,
Qu'as-tu donc fait pour ainsi leur déplaire ?
Quelle faute as-tu donc bien commis,
Pour méritée l'éternelle solitude ?
Étais-tu donc si belle, que les autres louves,
Virent sur ton brillant pelage une offense,
Y prirent ombrage, ne supportant ta présence ?

Seule la vie est dure.
Seule elle à froid.
Seule, elle à la faim,
Et les jours d'hiver, tous plus cruels
Et plus longs les uns que les autres.
Par un matin au froid plus mordant que les autres,
Poussée par cet hiver et la faim,
La louve sortit des sombres et rassurants sous-bois.
Elle descendit la colline, dans le pré du berger,
Et prit ce qu'elle pensait que la vie lui devait.
Hélas, le berger ne sembla pas du même avis.
Il accourut.
La louve eut beau être vive et rapide,
La balle lui effleura tout de même l'épaule.

Blessée, elle s'enfuit sans demander son reste.
Elle fuyait ce monde où survivre lui était interdit.
Elle courut, guettant l'obscurité des ses bois,
Qu'elle avait eut le malheur de quitter.

Furieux que la louve ait dévoré
Le premier agneau de la saison,
Le berger lança son chien,
Un grand et blanc berger des Pyrénées
Un Patou, un tueur de loups,
Sur la piste de la pauvre chasseresse.
Le chien s'élança à sa poursuite,
La colère et la soif de sang faisant battre ses veines.

Blessée et épuisée,
La louve s'enfonça le plus qu'elle le pouvait,
Entre les grands arbres de la forêt,
Puis se laissa tomber aux pieds d'un vieux chêne,
Haletante,
Sa fourrure beige tachée de sang.

Toute la journée, le chien suivit sa trace.
Le soleil se couchant, il sentit que la louve était proche.
Il s'approcha furtivement, le sang bouillonnant et sentant
Monter en lui l'excitation de la traque.
La belle s'était roulée tout contre les racines du chêne,
Les derniers rayons du Soleil filtraient entre les branches,
Et jouaient sur son brillant pelage.
Alors et contre toute attente, le chien se sentit troublé
Par cette douce vision qui s'offrait à lui.
Alors la louve redressa la tête
Et planta ses yeux gris dans les siens.
Et sans qu'il soit préparé, qu'il puisse lutter,
Le pauvre Patou se sentit transporté.

Le souffle court, intimidé,
Il s'approcha alors doucement,
Sentant une infinie tendresse l'envahir.
La louve, le poil hérissé, gronda.
Blessée et terrifiée elle montra les crocs,
En voyant ce grand chien blanc s'approcher.
Ce dernier s'assit sur dans l'herbe,
Et attendit, patient, que la belle dissipe ses craintes.

La nuit tomba sur la forêt
Et le chien attendait toujours.
La louve le regardait, inquiète et mal à l'aise,
Mais cessa de gronder, intriguée,
Se demandant ce qu'il voulait
Et qu'attendait-il ainsi.
Pourquoi donc ne profitait-il pas de la voir
Ainsi blessée et sans défenses ?

Il s'avança alors, lentement,
Baissant la tête et les oreilles basses pour tenter
De lui faire comprendre qu'il n'était plus là
Pour lui faire du mal.
Il tendit vers elle son museau.
Inquiète, elle gronda de nouveau, puis se laissa faire.
Le Patou lui lécha alors tendrement la joue.
Malgré sa surprise, la louve ferma les yeux.
Puis, soulagée et pleine de gratitude,
Elle lui lécha à son tour la gorge.
Le chien s'allongea alors près d'elle,
La laissant se blottir et profité de sa chaleur.
Poussant un soupir, il posa la tête sur son cou,
Et ils s'endormirent, sous la Lune montante.

Les arbres tendirent leurs branches au dessus d'eux,
Formant une voute protectrice,
Une petite chouette s'envola,
Unique témoin, hormis les arbres,
De cette étrange histoire d'amour,
Entre un chien et une louve.

Écrit par malombre
Un jour qu'il faisait nuit...
Catégorie : Amour
Publié le 30/11/2010
Ce texte est la propriété de son auteur. Vous n'avez en aucun cas le droit de le reproduire ou de l'utiliser de quelque manière que ce soit sans un accord écrit préalable de son auteur.
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Commentaires
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Posté le 30/11/2010 à 17:42:23
Voici une belle légende que je placerais volontiers sur les flancs du Mercantour, pays des loups et des patous...
Il est difficile de travailler le texte long, je trouve que tu t'en sors très bien!

Bien à toi,

Hysard
hysard
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15/04 05:16Plume borgne
Pourquoi ne pas imaginer l'imagination ?
14/04 04:41Bleuet_pensif
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08/04 11:25Sarahg
A méditer : on ne se trompe pas de chemin ; on avance, poussé par nos ailes.
08/04 11:13Sarahg
Bonne soirée et bonne nuit à vous, Ange de Lumière.
08/04 09:11Ange de Lumiere
Très belle soirée à tous
08/04 08:42Ange de Lumiere
Bonsoir les poètes
07/04 09:03Ange de Lumiere
Bonsoir à tous
07/04 08:59Yuba
Je souhaite la bienvenue à Ange de Lumière, de nouveau parmi nous chez les modos :)
05/04 11:31Sarahg
Bon week-end à tous.
05/04 11:31Sarahg
S'accomplir, c'est enfin devenir.
04/04 10:57I-ko
jusqu'à leur profil aux toilettes. bonsoir
04/04 10:56I-ko
vous savez tout en fait sur les auteurs^^
04/04 08:16PATGUI
Les publicités ne me posent aucun problème au contraire car elles prouvent que le site est bien fréquenté et que nos textes sont consultés même si loin s'en faut la plupart des auteurs ne sont que des amateurs comm
01/04 02:03AdA
Et voilà ! Le problème est réglé ;-) Merci aux membres d'iceteapeche qui prenaient le temps de lire mes textes et de les commenter. Ils se reconnaîtront . Merci, également aux modérateurs de ce site.

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