Moi, fou parmi les fous de cet échiquier,

Je peux me déplacer en biais à ma guise

En une danse dont les courbes sont carrées

Et les cases au sol : noires, blanches mais non grises.

Au loin j'aperçois tout d'abord le dos du pion.

Plus loin encore une brigade nous fait face :

Nous sommes façonnés des mêmes intentions,
Mais nos teintes, distinctes, jamais ne s'effacent.

Tu es à l'opposé , Roi composé d'ébène,

On me dicte de terrasser, un à un, tes compères.

Dans mon corps de buis, je rêve que s'éteignent

Les cris de nos bourreaux et que cesse la guerre.



Plus de cavaliers, reines, Tours : je suis en face.

Fou de mon Roi j'ai gagné la bataille boisée. 

J'ai conquis le plateau et vois enfin ta grâce.

Notre bois devient chair de deux cœurs éveillés.