N'aurons-nous de repos qu'à l'abord de la tombe
Quand parmi les nôtres le premier né succombe
À cette souffrance atroce qui est de vivre
Et demande tous les jours sa ration de vivres ?
Je ne sais pas quel est ici-bas mon statut
Mais même si je vais rejoindre des statues
Qu'on me fabrique un masque et je verrai s'il tombe
Quand je voudrai rire au loup qui hante ma combe.
Car il faudra paraître au jour avec constance
Pour affronter la mort je n'ai que l'âpre stance
Qui mêle souvenirs aux actions accomplies
Aidées de la prière acquittée à complies.
De son doigt débile à tâter mon ossature
La Mort m'entourera et vaincra ma stature
Je la ceinturerai l'emportant dans l'abîme
Amis, au loin ! Craignez qu'elle ne vous abîme !
(écrit en avril 2019)
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Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Triste
Publié le 03/12/2021
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Commentaires
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Posté le 03/12/2021 à 17:49:18
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"Morituri te salutant!" auraient dit les gladiateurs avant leur combat devant l'empereur romain Claudius (et non pas César, comme on le pense trop souvent). Ton poème se lit comme un questionnement métaphysique d'une interrogation sur la mort qui peut tous nous hanter, un jour ou l'autre, et l'expression sous ta plume en est d'une force incroyablement prenante. Car c'est en fait l'inconnu total qui nous attend, personne n'étant jamais revenu de l'au-delà pour nous dire comment ça se passe à l'heure ultime. Poème que je relis à ton précédent, "Des guerres spirituelles", en me demandant ce que les victimes des persécutions que tu y évoques ont pu ressentir au moment de leur trépas horrible. Car si tu ne cites de quelques unes des guerres menées pour des raisons religieuses, il est profondément navrant de constater, quand on étudie l'histoire, l'intolérance pour motif de religion et de croyances qui eu longtemps cours, ensanglantant notre pays, semant chaos et cruauté. Merci beaucoup, mon cher Georges, pour ces partages certes peu joyeux, mais il faut bien admettre que les guerres marquent l'histoire des civilisations et que la mort est le lot commun de toute personne, nous rendant subitement tous égaux devant elle. Avec mon amitié toute vive pour toi :-) |
Matriochka  |
Posté le 04/12/2021 à 03:36:00
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Je te remercie Matriochka pour ton commentaire. Sur le chapitre de l'intolérance à l'époque des "guerres spirituelles", voici mes réflexions : Je pense que vivre dans sa communauté paisiblement rassuré par ses us et coutumes est la base de vie, être dans la chaleur des siens et avoir donc cette base qui permet d'entreprendre en confiance et avec du soutien éventuel est quelque chose de fondamental. Mais alors l'intolérance première qui déloge des certitudes acquises est le corollaire obligatoire à mon sens de nos routines nécessaires voire indispensables pour établir ses racines qui permettent aussi de pousser plus confiant environné des siens. L'intolérance qui est au principe en nous peut être amoindrie et combattue quand nous nous ouvrons vers le monde, qui est immense, et, surtout, nôtre si nous nous y établissons : "The World is yours" ("le Monde est tien") est une réplique à détourner en positivité (devenant "The world is Ours"/"le monde est Nôtre" du film "Scarface" et ce qui vaut pour un truand vaut pour l'homme honnête du commun aussi bien. Avec ma très forte amitié pour toi, ma chère Matriochka :) |
jacou  |
Posté le 04/12/2021 à 16:39:39
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Inévitable et commun destin que celui-ci ! Le vivant, en somme, est celui qui regarde la mort en face et qui, l'embrassant, c'est-à-dire en acceptant l'inhérent inexorable, lui fait échec au moment-même où elle le saisit, car il ne se laisse pas terrasser, écraser, par elle. J'aime la force des mots de ce poème testament, de ce poème manifeste, que je mets tout droit au "coffre", parmi mes favoris :) |
| Ombrefeuille |
Posté le 04/12/2021 à 20:23:33
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Oh la la Ombrefeuille que vous me ravissez de joie en "coffrant" mon poème ;) Que je vous remercie est faible. Ce sont fleurs qui sont choses dites pour vous ! Pascal, philosophe préféré avec Descartes qui me donna l'ossature mentale du "Je pense donc je suis" et aussi Montaigne pour qui être humain et "rien de ce qui est humain ne m'est étranger", ce maître en humanisme, Pascal mon favori qui me fit croire en Dieu parle de la puissance incommensurable de l'esprit humain, unique, qui contient en l'embrassant l'univers, et, s'il le veut, son passé et son futur (sur lequel on trace des plans sur la comète quand on envoie des engins spatiaux), et même la virtualité de mondes multiples chère à Fontenelle ("Entretiens sur la pluralité des mondes") et aux auteurs de science-fiction. C'est de la pensée, mais agissante selon des lois établies par l'esprit par la technique se déployant dans l'espace du monde. L'humain, ce qu'il peut, est mon enthousiasme, corrigé à l'occasion... Bon week-end à vous :) |
| jacou |