Les traces que tu scrutes, inscrites sur ses traits,
est-ce un secret qui ne cesse de se ressasser en ta mémoire,
comme un murmure au mélodrame mêle son râle mineur
tragédie moderne que ces jours morts ont générée
La neige qui te gêne, effaçant les rides de son visage désormais à jamais assagi
et qui a coulée du pare-brise enfoncé,
Localement sculptant sa pâleur en bosses sur la palette d'un marbre endormi,
ces flocons revenus de vos mardis enfantins la tuer
avec déchirures du rocher de Sisyphe que dévale la vie ;
La tienne, maintenant, que tu tiens dans tes mains
ainsi qu'un froid galet d'eau fondant entre tes doigts,
Tu te dis ce que fut sa pensée juste avant le dernier virage,
quand elle ne savait pas le rivage infini qu'elle franchirait ?
Sa pensée, que tu cueilles ainsi qu'un chemin de glace,
à chaque seconde, ainsi que le sang dessiné sur son front
et qui bat aujourd'hui dans ton cerveau et dans tes veines,
où ils colorent toujours ton corps à sa douleur ?
Mais, cette nef perdue vers quel avenir ?
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Triste
Publié le 04/10/2020
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on roule tranquillement dans la mémoire et voilà que le pare-brise éclate et lance ses copeaux et défigure alors remontons-nous le rocher sur une neige sale ? très profond . |
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justine |
Un grand merci à toi, Justine, pour ton commentaire ! Tu me ravis et je sais combien ton cœur est grand, accueillant qu'il est à la souffrance humaine sous toutes ses formes, comme celle ici que je dépeins, quand le hasard nous broie d'un coup ! L'inattendu, notre mode d'être au monde, la condamnation de l'espoir. Protèges-toi bien, bon dimanche. |
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jacou |
Quel plaisir j'ai à retrouver, entendre à nouveau le son de ta voix, Justine, qui offre la vie plus ample à la poésie, qui vit aussi d'être dite, et cela avec ta voix et ta diction, belles, posées, de l'amoureuse des mots que tu es ! Voici un beau dimanche que tu me donnes par ton cadeau, dont je te remercie infiniment. |
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jacou |
En ces moments tragiques , il parait que tout le film de la vie passe devant les yeux... Le poème est émouvant par cette dimension triste qui reste gravée dans la mémoire d'un autre... Merci et bravo Georges pour cette écriture qui révèle une autre facette de ta poésie tout aussi excellente en fond et en forme ! |
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Yuba |
Un jour quelqu'un m'a dit "mais tu n'écris que des poèmes tristes"! La tristesse exprimée n'est-elle pas ce qui permet de sublimer la douleur ? Merci pour votre poème énigmatiquement triste... |
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virgile |
Un poème poignant, douloureux, sur un fait d'une réalité dure et crue, puisque de tels accidents arrivent chaque jour. Cela doit être une douleur atroce pour le (la) survivant(e) d'en avoir réchappé quand l'autre personne y a trouvé le trépas, et j'imagine la culpabilité que cela doit entraîner... peut-on vraiment se remettre un jour d'une telle tragédie? Merci à toi pour ce poème terrifiant, où la souffrance se lit derrière chaque mot, et qui me rappelle une certaine soirée de décembre 1999 qui faillit bien m'être fatale (peut-être partagerais-je ici un jour le poème que j'ai écrit à ce sujet). Avec ma toute vive amitié pour toi :) |
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Matriochka |
Assia, je te remercie, un accident marque à vie, et, même si je n'en ai pas connu, je voulais consacrer à cet instant où le tragique fait irruption un thrène de déploration. C'est fait. Bonne journée à toi et bon courage ! | |
jacou |
Virgile, merci beaucoup. Vous avez entièrement raison. Sans être mélancolique, qui est un peu le plaisir éprouvé à être triste, état d'humeur que je respecte infiniment au regard des fêtes de la consommation qui nous sont de loin en loin imposées (je pense à Halloween notamment), il y a la nécessité du sublime que vous notez. Le sublime est le dépassement des limites étroites de notre être. Sublimer c'est se détacher pour laisser derrière soi une épreuve qui nous sublimera, qui nous grandira d'avoir été vaincue, forgeant continûment notre caractère à l'épreuve de maints accidents. Le sublime est une tentative de vaincre ce qui nous abaisse et nous dégrade, la mort au premier chef. Écrivez ce que vous avez sur le cœur, Virgile, c'est ce que nous avons sur le cœur qui nous fait écrire, si cela a cette forme, la tristesse, soyez triste, si c'est votre inclination. Mais je gage aussi que vous avez vos sourires, votre bonheur, mais du rire, d'être heureux, nous n'avons rien à sublimer, mais à le vivre ! Bonne journée. |
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jacou |
Matriochka, merci. Si tu surmontes ton souvenir douloureux de ce qui failli t'arriver en 1999, ce drame, sûrement nous offrirais-tu un poème poignant dont tu as le secret... La culpabilité principale est de survivre à un être aimé. Ici, j'ai voulu imaginer ce que cela pouvait représenter. Je suis content que tu aies apprécié cette mise en forme, en mots qui doivent être douloureux à leur façon. Je te souhaite une bonne journée. Avec ma très vive amitié pour toi :) |
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jacou |
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