J'habite un vieux manoir dans son décor lugubre
Pestilentielle mare où nage un avorton
Dernier descendant d'un vieillard qui élucubre
Dont la neuve agonie commence à son menton
Car je suis ce bien vieux père de ma famille
Fille folle Ophélie noyée dans le marais
Pleurée dès lors par ce fils amant des charmilles
Et d'un arbre tordu semblable à ce qu'il est
Je peux baver longtemps le sirupeux hommage
À ma très longue lignée de fort noble souche
Mais qui me lira donc vraiment dans mon sillage ?
Les bêtes à bon Dieu sont des bêtes farouches
Vils animaux humains survivant à mes peines
J'ai pour vous le mépris appris à bonne école
Je suis le carrefour puissant de toute haine
Adolescent songeur que vous tiriez au col
Ma femme est enfermée dans la plus haute pièce
J'ai occis la portée de mes chatons du Diable
Et leur mère a feulé jusqu'à ce que j'acquiesce
À sa mise à mort par un dogue formidable
Je suis comte et s'il me prend des maux dès l'aurore
Un mâle doit taire ce qui le fait souffrir
L'autre en amont dans ma lignée ce dinosaure
M'aura légué l'ample malédiction à fuir
La vie !
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Social
Publié le 02/09/2019
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l'ambiance est abominable et pourtant on lit ce poème avec plaisir presque le sourire aux lèvres!!tu t'es amusé à l'écrire? merci en tout cas pour cette création..bises! | |
Aria |
Wouahhhhhh un plaisir de lecture. Merci pour ce magnifique partage et bonne journée. Belle |
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Belle de jour |
Ah oui cette malédiction personne n'y échappe à partir du premier cri de naissance... Merci pour cette ambiance sombre et frémissante, je verrais bien aussi un roman de ce style ! | |
grêle |
Encore un beau texte ! | |
CRO-MAGNON |
Dominique, Belle, Marine, Olivier, merci pour vos commentaire de vivants sur un être jamais vraiment né ! @ Dominique : oui, tu devines que je me suis amusé à l'écrire, dans l'idée d'ailleurs au départ que ce serait un texte de catégorie fantastique, car forcément un manoir... Puis m'est revenu mon souvenir de ma découverte émerveillée des "Chants de Maldoror" du Comte de Lautréamont (de son vrai nom Isidore Ducasse) vers l'âge de 17 ans, de cette formidable misanthropie qui l'habitait et me répugnait, et j'ai glissé dans la strophe finale, pour jouer, une allusion au "mal", à "l'aurore", à "l'autre en amont", parce que, question jeu des mots et calembours, je suis irrécupérable lol... Honte à moi, car Hugo disait pis que pendre des calembours en poésie ! Bises. @ Belle : j'aime votre cri du cœur. Bonne journée. @ Marine : oui, en fait un roman d'une noirceur phénoménale m'a précédé ici pour écrire ce texte, il s'agit des "Chants de Maldoror" du Comte de Lautréamont (alias Isidore Ducasse", écrits par un jeune homme et publié vers 1870, œuvre mi-poétique présentée sous forme de chants, mi-romancée puisqu'elle singe le romanesque d'un Eugène Sue et parodie les romans populaires de son temps. C'est un écrit parodique et misanthropique, d'où cette texture déteinte de mon poème. @ Olivier : content qu'il t'ait plu ! |
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jacou |
Moi c'est le titre qui m'interpelle ! Car il doit en effet exister plusieurs manières de traverser la Vie mais pour tout le monde les jours ni les nuits d'ailleurs ne se ressemblent pas ni que nous choisissons tel ou tél passage , tiens je me sens fataliste ! ce n'est pas dans mes habitudes ...c'est certainement l'effet de cette lecture trempée dans la malédiction ...lol Merci Georges pour ce trésor poétique d'un autre accent ! |
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Yuba |
tu m'as coupé l'herbe sous le pied car j'avais vu oui ce poème est plus facile à lire peut-être tu travailles trop l'autre en aval Maldolor On n'écrit plus les heures De la graphomanie La graphe-matinée Où les mots en espèces Sonnent dans nos cerveaux Pleins de brouillon de nuit Les heures les journées Les nuits Les nuits de belle lune Où l'on va se baigner Dans la vase coton Qui tiédit en glissant L?auréole-rigueur Enveloppe du corps Le bain des cicatrices Où l'on voudrait mourir Linceulisée dans l'eau Doucement En chantant une morte berceuse Qui gît à la surface D'un étang mystifique Un chant de maldolor. 90 |
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marinette |
épique et lugubre avec un mystére omniprésent amitiés:) | |
romantique |
Assia, Marinette (je te remercie en outre pour tes vers en hommage à l'anti-héros Maldoror), Sylvain, permettez-moi de vous remercier pour vos commentaires. Mon narrateur, vieillard indigne, dernier représentant d'une lignée maudite, est bien sûr un "Maldoror" qui aurait vieilli, et continuerait à faire le mal sans jamais s'amender. Je porte à votre connaissance "Le fils du requin", film réalisé en 1994 que j'ai couru voir au cinéma, car il s'inspire du désespoir de l'univers d'Isidore Ducasse comte de Lautréamont (dont le pseudo venait de Latréaumont, personnage d'un roman d'Eugène Sue). |
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jacou |
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