Nous étions ces hommes qui piochions dans la terre
À la recherche des minéraux si utiles
Quand l'homme lui n'est que marchandise inutile
Pour ces sociétés exploitant nos vieux artères
Nous étions maint et maint à mourir dans les mines
Avant l'âge d'argent qui nous grise le poil
Et, songeant à ce futur qui nous détermine
Nous n'avions qu'un souhait : mourir sur fond de toile
Sans doute étions-nous mus par un grand désespoir
Aucun syndicat pour nous défendre du mal...
Nous allions périr à la tâche en ces comptoirs
Malgré l'abondance de notre force mâle
Des révoltes avaient déjà eu lieu naguère
Résolues dans le sang des anciens compagnons
Qui ne voulaient jamais plus toucher à la terre
Et préféraient prendre et donner autant de gnons
Indiquant par là leur statut d'insoumis, d'hommes
Mais la minorité parmi les fortes peines...
Si entre nous se tenait un référendum
La soumission l'emporterait sur toute haine
Ainsi l'homme abruti par le plus dur travail
Ne sait plus qu'il lui faut agir pour se sauver
Trop fatigué pour agiter les éventails
Mais sans nul Spartacus nouveau pour s'exalter...
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Social
Publié le 10/03/2017
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Superbe, on dirait du Zola BRAVOOOOO ! j'aime | |
lefebvre |
Merci à toi Daniel pour ton commentaire aux aurores, qui me touche. J'ai mêlé plusieurs époques dans ce texte, où j'évoque le sort des Athéniens faits prisonniers à Syracuse au 5ème s. avant J.C., Spartacus avant qu'il ne devienne gladiateur, le sort des mineurs du 19ème siècle, et plus récemment les mineurs de l'après-guerre (référendum, syndicat). Sans que j'oublie les mineurs nigériens qui triment pour l'uranium qu'exploite Areva... |
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jacou |
Les gueules noires, une vie de forcat ! | |
CRO-MAGNON |
Merci vivement Cro-Magnon. C'est vrai que tu t'y connais à l'évocation de ces rudes travailleurs, toi qui vins ici avec les corons du Nord ! | |
jacou |
Un bon coup de gris vaut mieux qu'un coup de grisou : et un voyages aux Canaries mieux qu'emporter un pauvre canari dans un trou. |
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Heliantheme |
Je préférerais être sans-le-sou plutôt que descendre à la mine pour en remonter noire mine, gueule plus noire qu'un Papou. |
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Heliantheme |
Mais tout n'est pas question de goût : il faut bien nourrir son homme. même si le prix à payer est lourd : mourir pour de bien modestes sommes. |
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Heliantheme |
Merci pour ces vers offerts, Heliantheme ! | |
jacou |
Et voilà un sujet fort sensible et qui me touche au plus haut point...confrontée d'une part dans le cadre de mon travail à des dossiers de mineurs ( mines de Jerada) accablés et abandonnés presque à leur sort à la fin de leur vie..les conditions de travail comportant trop de risques pour la santé avec des maladies graves qu'elles engendrent avec le temps soit subitement par les accidents...d'autre part, ayant vécu à Lille pendant 5 ans pendant les années 80, j'ai appris dans le désarroi de mes amis la signification des termes corons et terrils , ces montagnes complètement artificiels et polluantes... Amitiés Amitiés |
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Yuba |
Les gueules noires, Une campagne aux mornes plaines, que l'on appelle le Nord Terrils pour cathédrales, chevalets pour beffrois Le pays des gueules noires a l'odeur de la mort Le peuple des ténèbres souffre de la faim et du froid. Chaque matin, la terre avale ces malheureux L'échine pliée, cassée par un travail de bête Un salaire de misère pour nourrir des ventres creux Vivre ou crever, leur vie n'a pas le goût de fête. Des mains de forçats pour extraire l'or des enfers Des regards hagards, du charbon pour tout horizon Peur du grisou dans les profondeurs de la terre Les mineurs, des hommes, les travailleurs des bas fonds. |
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CRO-MAGNON |
Que ne faut il pas faire pour faire son trou? Une descente aux enfers, un coup de grisou Du jargon au charbon, du fer à la terre Un espoir de passions, une raison en enfer! |
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eliosir |
Merci beaucoup Yubanca pour ton témoignage ! Ainsi tu as vécu une double expérience terrible au contact du désarroi de mineurs, non seulement exploités dans un dur travail, mais de plus spoliés de leurs emplois même pour des questions de rentabilité ! Ce qui me scandalise le plus sans doute, c'est la fortune que se batît Areva avec l'uranium exploité au Niger, un pays si pauvre, l'un des plus pauvres du monde comme tous les pays sahéliens ! Je te fais mes amitiés. |
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jacou |
Merci pour ces vers, Cro-Magnon, c'est l'un de tes textes les plus poignants ! | |
jacou |
Merci pour les vers, Eliosir : une saison en enfer, dans l'arrière-cuisine du diable, oui ! | |
jacou |
Elle n'était pas rose cette vie de mineur, votre poème fait ressentir beaucoup de poussière... | |
suane |
Merci Suane : non, cette vie avait des teintes grises, des dangers de grisou dans les profondeurs... Mais savez-vous, Suane, qu'il est bien temps de passer du vouvoiement au tutoiement ? Alors tutoie-moi ! |
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jacou |
Merci du partage, on ne doit oublier personne en poésie. Bachelet a écrit, jacou a écrit, et les femmes des mineurs ont vu périr leurs époux et Zola l'a décrit. Bonne journée |
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Jessie |
Merci Jessie pour le message : c'est vrai que "Germinal" est le plus puissant des romans de Zola. Je l'avais étudié au lycée, il m'a laissé un souvenir indélébile. Grande fresque torrentielle. Bonne journée de samedi. |
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jacou |
D'accord...C'est un pur réflex (contact clientèle oblige dans mon travail) je te "tu", tu me "tu", jeu de mots mortel...lol | |
suane |
Merci, Suane ! | |
jacou |
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