Je suis baveux, gluant, enfermé dans la cave
Depuis que je suis né, depuis l'éternité
Je ne sais pas mon âge, et je suis sale et hâve
Cafards et rats forment ma seule société...
Il y a une apparence de soupirail
Qui là-haut blêmit au coin de la simple voûte
J'y jette les yeux pour apercevoir des rails
Et, parfois chanceux, des lumières brillant, toutes...
Ils n'ont pas éteint ma pensée dans mon cerveau
Ni mes muscles, forgés puissamment par nature
Aussi suis-je enchaîné, et j'ai grand mal au dos
Ils crachent de dégoût, ma pauvre nourriture...
"Ils" ? Qui croyez-vous qui m'a enchaîné en bas ?
Mes parents, oh bien sûr ! Ils ont honte de moi !
Faire causer voisins n'est pas dans leurs projets
Ils me détiennent comme on détient un objet...
J'ai longtemps ruminé ma vengeance à venir
Descellant du mur petit à petit ma chaîne
J'attends que père descende pour me nourrir...
Et je passerai sur son cas toute ma haine !
d'après la nouvelle de Richard Matheson "Né de l'homme et de la femme"/"Le journal d'un monstre"
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Fantastique/Sf
Publié le 27/10/2020
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ah d'autres pensent autant qu'ils n'ont pas demandé à naître "quand ma mère dépota le gluant" j'ai entendu dire un jour terrible la nouvelle et ton poème mais il faut bien que les grands batifolent |
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justine |
Une situation qui donne froid dans le dos ! Mais contente de la fin de la nouvelle que la chute du poème traduit poétiquement par un geste de belle vengence ... Cela rappelle des histoires déchirantes et malheureuses de vrais parents qui peuvent cacher leurs gosses en situation de handicap , le comble de l'atrocité ... Bravo Georges pour cette belle poésie qui atteint nos plus solidaires pensées ! Bises :) |
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Yuba |
Un poème qui entraîne un frisson glacé dans le dos... brrrr!... et qui rappelle la situation de ces personnes difformes qu'au 19ème siècle on désignait comme des monstres et que l'on exposait dans les fêtes foraines (comme dans le célèbres film "Elephant man"). Et malheureusement, il y a encore dans le monde des cas réels d'enfants trop différents, handicapés, gravement malformés, qui subissent de graves négligences et n'ont pas droit à une vie la plus normale possible. Il y a tant de déni de la différence de traiter un être humain de la sorte, et pas assez de personnes dévouées pour offrir à ces enfants un foyer où ils se sentiraient acceptés telles qu'ils sont. J'ai été émue par ce poème, même s'il s'agit ici d'un cas fictif inspiré d'une nouvelle. Avec ma vive amitié pour toi :) |
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Matriochka |
Triste, mais magnifique comme toujours. Bravo! | |
virgile |
Glaçant ! Et parfois si vrai, tant les récits de fiction savent, dans certains cas, saisir le réel mieux que tous les articles dans les journaux ! Je n'ai pas lu l'histoire qui vous a inspiré, mais j'ai goûté, comme d'habitude, la force de votre plume ciselée qui ne recule pas devant ce que la vie a de plus cru. |
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Ombrefeuille |
Justine, Assia, Matriochka, Virgile, Ombrefeuille, merci infiniment pour vos témoignages d'empathie vers la créature malheureuse condamnée aux bas-fonds de la société des hommes. Elephant Man, John Garrick était son nom, il me semble, était de ceux-ci, damné à effectuer un emploi de coursier dans les rues de Londres, malgré son handicap, gêné au point de choisir de "s'exhiber" dans un cirque en tant que "monstre"... J'ai été sidéré de découvrir sa véritable histoire : "Elephant Man" fût, étrangement, libre de circuler dans Londres, livré à lui-même. Le pourrait-il encore dans notre monde moderne, si cosmétique, si soucieux de l'esthétique, de l'apparence d'une certaine hygiène de la vie ?... Mystères de la tolérance, selon les temps... Très bon courage à vous tous !!! :) |
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jacou |
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