Le murmure est en moi d'un être qui se meurt
S'il a passé l'âge moyen de poésie
Quand Villon par ballade avait donné rumeur
D'un sacrifié d'Amour un moine en hérésie (1)
Ronsard en sa Pléiade au long des jours s'arrose (2)
Le bouquet de ses mots est pour Maurice Scève (3)
Un jeu qui fait dizains aisés à fleurir rose
Une langue française en renaissante sève
Mais Boileau par Malherbe a fauché la licence
En prose il a vaincu ce que vivent les choses (4)
Le bonheur à changer ayant donné naissance
À l'être assuré qui va de métamorphoses
L'âge classique a tué un siècle de poèmes
D'un dix-huitième éteint s'il a d'autres lumières
Le lyrisme aura Rousseau l'homme en ses problèmes
Son Héloïse avec Chénier clôt mes premières (5)
Enfin ce siècle est plein des populeux aèdes (6)
Déniant au réalisme injuriant le Parnasse
D'ôter de nos têtes les seuls rêves qui aident
Car l'éveil trop debout ne sauve de sa nasse
Au point du jour la rose a levé près du Rhône
Où la Saône se joint d'un humide levain (7)
Une épine en ronce qu'une herbe à mon mal prône
Rousse eau vit en sillons niée m'enchaîne à mon vin (8)
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(1)
François Villon dans sa « Ballade des pendus » parle d'Abélard « qui fut châtré puis moine » à Saint-Denis d'avoir aimé son Héloïse, elle-même punie cloîtrée au couvent à Argenteuil
(2)
François Ronsard est l'auteur de « Mignonne allons voir si la rose... »
(3)
Maurice Scève dans les dizains recueillis dans sa « Délie, objet de plus haute vertu » écrit en explorant une autre concertation du langage plus baroque que celle poursuivie par les poètes groupés avec Ronsard dans la « Pléiade »
(4)
François de Malherbe écrit dans sa « Consolation à Monsieur Du Périer » sur la perte de sa fille : « …Et rose, elle a vécu ce que vivent les roses / L'espace d'un matin. »
(5)
Rousseau a écrit le roman de « La nouvelle Héloïse » et son lyrisme rejoint celui d'André Chénier, considéré comme le seul véritable poète de talent du 18ème siècle, et qui fut guillotiné pour ses idées, tandis que son frère poète faisait carrière…
(6)
Le 19ème siècle a Hugo, Nerval, Théophile Gautier, Baudelaire, Rimbaud, Jules Laforgue, Verlaine, Tristan Corbière, Mallarmé, Charles Cros, etc…
(7)
Maurice Scève dans son recueil "Délie" a écrit « Plutôt seront Rhône et Saône disjoints / Que d'avec toi mon cœur se désassemble »
(8)
Les poètes cités m'ont aidé pour écrire cette strophe en clin d'œil
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Poésie
Publié le 22/03/2022
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Panorama poétique qui, avec l’expressivité intense de ta plume pour guide, emmène par les courants poétiques et littéraires du Moyen-Âge au XIXème grâce à de grands noms. La poésie y connut ses heures de gloire, parfois sur le devant de la scène, d’autres fois plus confidentielle, mais ayant toujours eu d’ardents défenseurs que tu cites en tes vers, et qui permirent que cet art des mots et de l’expression nous arrive. Merci pour ce retour aux sources... qui permet de remettre certains éléments en perspective, je dois bien le reconnaître! Avec mon amitié constante pour toi :-) |
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Matriochka |
Bonsoir Jacou .. Il est des " Jeunes " de notre Aujourd'hui, qui auraient du mal avec ces Grands Textes d'Hier ... je pense qu'il faudrait leur expliquer beaucoup de Choses avant Lecture des Vers forts de nos Poètes Géants .. Ceci dit : Ton Panorama s'est arrêté sur quelques Plumes... On ne peut tous les citer tant de Talents, de Rimes riches avons Nous dans des Anthologies ou Recueils d'Auteurs .. Chaque Strophe nous fait faire Balade ... et Référence à .. peut nous emporter à relire ces Textes magnifiques .. BRAVO !! BRAVO !! Amitié, LyS .. |
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Lys-Clea |
Le bon vin poétique a passé des âges et des noms dans le grand fût du langage Une piqûre de rappel qui donne envie de rouvrir d'anciens livres Merci |
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Edelphe |