Chénier sur l'échafaud, la poésie est morte
Réfugiée auprès de Chateaubriand, de prose
Aromatisée, mais Vigny vient, et l'escorte
Un moment, le temps que Lamartine se pose

Puis paraît Hugo, fier, et la grande réclame
Ne cesse plus. Déjà de Nerval la lanterne
Est brandie quand Charles Baudelaire a de l'âme
En peine, émerge alors Mallarmé, de vie terne

Transi, Charles s'efface où Verlaine est en fête
Galant, la compagnie de Rimbaud séduisante
Fait négliger Laforgue et ses vers qui embêtent
L'esprit de sérieux comme un Corbière aussi, chante

Et l'autre, Charles Cros ? Connu, son hareng saur
De Paul Fort le cheval blanc et maintes balades
Paul Claudel toujours pose avec son « Tête d'Or »
Auprès, Paul Valéry lime ses sérénades

Pour Ségalen, l'assaut de Tahiti, des ondes
Quand Roussel explorait la folie aux limites
Plus tôt, Gautier sculpta ses médailles du monde
Souterrain où Banville extrayait des pépites

Hérédia l'artiste fait du sonnet sa toile
Musset l'air désinvolte est le prince des tristes
Et Aloysius Bertrand poursuit jusqu'aux étoiles
La prose éblouissante et démonte la piste

Pour le nouveau siècle, c'est un bel héritage
Où la France conspire avec l'art de dépeindre
Ce legs d'ancêtres qui, recueilli d'âge en âge
Vient heurter le rivage et désormais éteindre

La lumière évidente où le monde paraît
Pour que jaillisse enfin le revers des surfaces
Fait des jeux des mots et des rêves, forêt
Des Freud, Éluard, Char, ce poème à tant de faces !