L'enfant, un jeune adolescent de dix-sept ans
Tout droit sorti fumant seul du Roman d'Arthur,
Se tenait provocant sur mon seuil, attendant
Que je prête attention à ses mésaventures.

Il souriait... BEAU, DE L'AIR vainqueur qu'a la beauté
Quand VERS L'ENNEmi MAL ARMé pour tenir tête,
Tel Satan elle étend ce qu'on ne veut s'ôter :
Un désir de ramper vers l'ange ou vers la bête.

- Paul ! me disait-il : - Eveilles-toi un peu, zut !
- Le monde enclos en tes songes de fainéant
- Ne vaut pas celui qui s'agite hors de ta hutte,
- Balcon imprenable avec vue sur le néant !

Ce discours résonnant comme un appel aux armes,
Je roulais sur le sol, mes rêves, désormais
Enfuis, mais si profonds que j'aurais mis des larmes
Pour les retenir, ô moi que l'alcool sommait !

- La Muse est sous mon lit et elle me taquine,
- Tandis que je compose en une sainte ardeur
- Une Imitation de rien du tout et m'avine
- Pour pondre mes vers doux, mentais-je sans pudeur.

Et l'imaginaire enfant, le petit poète
De se pencher sur mes vers sans me ménager,
Et de m'enfoncer dans ses verbales pirouettes.
Je me rongeais les sangs sans plus m'envisager :

Mets ton violon, lent et doux,
Cruel indolent, au clou. (...)

- Oh ! le poème en fraude ! oh ! la rime ! oh ! la frime !
- Bois jusqu'à la lie ton élixir de déclin !
- Va faire chez les Grecs, au Parnasse, à l'abîme,
- Ce que je lis ! À l'hallali je suis enclin !...

Je revis mon gamin, à Paris, portant mes
ROSES du LUXEMBOURG dans le jardin de Louise
Après la Commune, et nous revîmes, aimées,
Nos années de délire et nos années de mouise.