L'arbre en moi est battu pas les vents
Il est saule hors sol et sans racines
Ou trop de racines mêlées à trop d'histoires
Il est frêne que rien n'effraie
Pas même la lueur des phares sur la côte d'Adam
Ou bien le chêne étrennant son châle de brume
Au fond de la vallée des trépassés
Patience sous les vents de l'effroi
Est celle confiée à tel ou tel bouleau
Meurtre prémédité des cerisiers sans fleurs
Cent couteaux ondoyés sous les lunes des puits
L'arbre en moi n'est pas un drame d'hommes
Il dessine une force obscure et roide
Il est plus fort mais c'est une faiblesse
De croire qu'il ne peut plier, courbatu
L'ami roseau sait quelque chose de plus
Le drôle d'oiseau sur la branche lui en sait trop
Un oiseau meurt dans les crocs d'un chat vif
Un rythme est dans l'arbre plus tellurique
Comme chant de la Terre que rien n'arrête
Il est des prairies vertes comme les blés
Des chemins dans les terres sans but
La fourche des passions survolées de corbeaux
Pépiant l'infini dont ils se nourrissent
Et sous le ciel hâtant la tempête mentale
La nuit va s'étendre en sa fureur et son meurtre
L'arbre en moi est battu par des vents de néant
Il est saule riverain poussant en bord de berge
Ôté de racine par un rien qui héberge
Ses feuilles parsemées vont dans l'eau ruisselant
Il est frêne et chêne et le cerisier mes seuls frères
Rien n'effraie un homme qui n'a plus que dix sous
Il songe à l'eau blême et à tout ce qui dissout
Aux filles avant qui tant de fois l'effrayèrent !
Je n'ai de cesse de durer amis mes arbres
Comme vous dont le sol vacant est mort de l'âme
J'ai poussé dans le bitume à renfort de lames
Il n'est nulle mort qui ne me laisse de marbre
Sauf la mienne en un grand éclat d'un bon fou rire !
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Nature
Publié le 31/01/2019
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Petite j'aimais un noyer, je me souviens de ses branches dans lesquelles parfois je m'allongeais. Quand on me parle du lieu de mon enfance, je demande des nouvelles du noyer. Merci Jacou d'être si bien un arbre, " il n'est nulle mort qui ne me laisse de marbre", c'est important, je crois même que c'est essentiel, la conscience. J'aime votre poème qui parle tant à mes souvenirs et je le place en favori pour le bonheur qu'il m'apporte ainsi. |
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Hypothese |
Je vous remercie de tout coeur Hypothese pour ce culte en commun que nous vouons à des arbres. J'ai lâché désormais la bride à mon écriture, pratiquant une forme d'écriture "automatique", c'est-à-dire écrivant les vers qui viennent naturellement à ma conscience. La première idée qui s'est présentée est celle de l'arbre. J'aime tout particulièrement un cerisier non loin de chez moi, qui garde l'entrée d'un parc, à juste titre nommé Parc du Cerisier. Il est beau, et je suis content de savoir que vous aimez le noyer, qui est, à côté du chêne et du cyprès, l'un des plus beaux arbres. Enfin, merci de me parler de votre arbre d'enfance, car pour moi aussi, ce goût remonte à des cerisiers vus dans l'enfance, à Londres quand j'avais 11 ans. | |
jacou |
Poème très symbolique. | |
eric |
Je me suis laissé transporter . Le souvenir de ma petite enfance est brusquement revenu en te lisant, j'ai revécu mes journées en dessous d'un poirier chez ma grande mère. Plus tard, j'ai trouvé en forêt d'orient un chêne énorme, qui fait plus de 10 m de circonférence. C'est mon arbre, j'aimerais que mes cendres soient répandues à son pied. Les arbres ont toujours eu pour moi une très grande importance, je suis et serais toujours un éternel amoureux de la forêt. Amitiés et merci pour ce beau voyage dans mes souvenirs |
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lefebvre |
@ Éric : merci de ta missive, elle compte beaucoup pour moi. @ Daniel, ainsi ton arbre totem à toi est le chêne ! Et le poirier est aussi ton ami. Comme l'enfance nous vaut des sympathies d'arbre, c'est émouvant de créer ces liens très forts ! Il était naturel, amoureux des forêts où je plaçais mon héros Alceste dans des poèmes, ces forêts où se perdre, que je me sente arbre à la recherche de racines. Je te remercie, jeune branche, hi hi ! Amitiés. |
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jacou |
c'est un texte fort abouti par la réflexion qui en découle j'aime beaucoup :)amitiés | |
romantique |
Tu as eu raison de retourner à cette première écriture venant en toi dans l'automatisme des pensées . Le résultat est époustouflant en images s'accrochant les une aux autres enrichies de ressentis propres à tes souvenirs et au rapport à cet arbre poétisé dans tous ses états . J?aime aussi comment à la fin l'autre écriture prend le dessus ; la signature reconnaissable parmi mille ! Merci Georges pour ce beau travail , il y a des arbres auxquels nous lient des histoires éternelles : les 15 noyers plantés de mes mains en montagne ont froid en ce moment mais se portent comme des charmes ... |
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Yuba |
@ Sylvain : merci pour tes mots, c'est un poème biface comme un silex. Amitiés :) @ Assia : superbe, ta geste de planter tous ces noyers est une épopée à taille humaine ! Quel plus beau geste que de planter de ses mains une plante, c'est mirifique ! Ça me fait penser à un très bon film d'animation d' après une œuvre de Jean Giono : "L'homme qui plantait des arbres", que j'ai vu autrefois et qui me reste en mémoire. Félicitations à toi, pour la beauté du geste, pour la nature aimante qui nous le revaut. Merci de ta confidence. |
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jacou |
Bel arbre bel ami, c'est d'une légèreté je me sens feuille, merci d'avoir souffler ces beaux vers.. | |
Babel |
Grand merci ami Babel, avec ton agrément je me sens pousser des...feuilles si ce n'est des ailes. | |
jacou |
Georges j'adore ce poème et cette façon d'écrire. Je pense que nous sommes également des arbres. Je les admire et aime les peindre. J'aurais aimé être un chêne centenaire mais je ne suis qu'un petit cerisier sauvage qui se cache dans les haies et qu'il faut savoir apercevoir pour cueillir ses petits fruits délicieux. Je le garde vers moi. Belle nuit | |
roserose |
Rose, soyez cerisier en fleur, c'est mon arbre préféré, j'aime bien celui qui est près de chez moi et hiberne pour le moment. Et mon fruit préféré, c'est la cerise, bien sûr. | |
jacou |
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