1ère partie (nature)
Nos pas ne résonnent plus aux allées de silence
Dans le parc assemblant les fleurs qui nous aimèrent,
Le soleil transi par l'hiver est en souffrance
De nous, dont le passage a été éphémère
Tout sait que nous fûmes couverts par le grand chêne
L'écureuil curieux qui habite en son branchage
Nous salue dans ses pleurs, les larmes sont des chaînes
Retenant au licou mêmes les oies sauvages
Les petites bêtes amassées en forêt
Prononcent sur nous deux leur lent travail de deuil
Il durera l'année, sevrant les cœurs navrés
Puis les couvaisons vont relayer ce recueil
Le lac proche a noyé toute vive amertume
L'animal en larme est l'ami de l'homme en pleur
L'œil du chat brillant s'est voilé hors de coutume
Qui va sur le pré trépigne parmi les fleurs
La montagne accueille à son gré notre tombeau
Un chien s'est fait gardien des prairies riveraines
Il jappe avec bonheur car tout paraît très beau
Cette nappe soignée de terre au loin l'entraîne
La transhumance des âmes a commencé
Nous allons élever nos cœurs vers les hauteurs
Une pluie féconde est tombée sur la vallée
Nous quittons ce pays où nous vivions nos heures
2ème partie (fantaisie)
J'étais banquier et ma femme était enseignante
J'ai présidé la France il y a cinquante ans
Je fus chassé, croyant les foules fainéantes
Pour sauver ma vie, je fis retraite au Bhoutan
Là, un ermite ami m'enseigna la nature
Nous fit cadeau d'un singe à demi télépathe
Ma femme devint sage et conquit la prêture
Donnée là-bas sans foi mais sans aucune hâte
Pendant ces années où nous parlions à des singes
Nous fîmes un retour vers l'ancienne origine
Nous, sapiens, avons oublié dans nos méninges
Que tout passé meurt et qu'un futur s'imagine
Nous apprîmes dès lors à vivre au jour le jour
Rentrâmes au pays comme purs anonymes
Créant la nouvelle arche en la Maison d'Amour
Vaste refuge où les bêtes sont près des cimes
S'écoulant nos vieux jours, les fleurs s'agglutinèrent
Arbres, ruches, soleil, tout s'en vint prospérer
Là sur notre aire, aidés par les originaires
Des lieux. Dans ce jardin, nos âmes vont errer !
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Nature
Publié le 23/01/2019
|
Poème Précédent | Poème Suivant |
Nature à découvrir... | Poèmes de jacou au hasard |
Annonces Google |
J'aime mieux la deuxième partie... | |
eric |
Jacou, j'aime vos poèmes qui transpirent entre les lignes votre rage à ne pas vous résoudre au sombre absolu. Vous avez toujours derrière vos mots une lanterne d'espoir pour éclairer vos lecteurs et en cela l'auteur existe, ce qui rend vos poèmes vivants. Le contenu (puisque la forme est impeccable, noble et stylée) dans la première partie me plait ce paysage entre larmes, deuil et renouveau où les êtres semblent retrouver leurs esprits aprés la tempête et poignant, la deuxième partie entre caricature et sagesse me fait penser à certain dessins japonais Où le puissant peut être moqué et ramené à de bons sentiments. Merci Jacou pour ce travail formidable sur le sens. |
|
Hypothese |
https://youtu.be/XAi3VTSdTxUJ'ai aussi pensé à cette musique. | |
Hypothese |
Éric, merci pour ton passage. C'est ton droit de préférer la partie plus fantaisiste, de l'ordre de la science-fiction à coup sûr ! | |
jacou |
Hypothese, d'abord merci beaucoup pour l'offrande musicale : j'ai sans doute cette part idéaliste mise en images et chanson dans ce morceau. Puis, je vous dois un grand merci pour votre commentaire aussi, louant mes efforts pour écrire de la poésie au quotidien tant que je pourrais avoir l'inspiration qui est là. Ainsi, vous avez raison de parler de la tristesse heureuse, le désespoir souriant, contenus de la 1ère partie, j'ai voulu l'équilibre en laissant libre cours à mon imagination dans la 2ème partie, cela peut faire un étrange patchwork il est vrai, mais je suis rassuré car vous l'avez lu avec la bienveillance qui est vôtre, et je sais votre imaginaire riche. J'avais écrit sur l'extinction des espèces naturelles, alors j'ai balancé en équilibre le tableau en écrivant dans la suite cette "rédemption" de l'humain, avec son appendice fantaisiste en plus. |
|
jacou |
j'ai tout lu et à haute voix.. ce joli patchwork :) merci jacou pour votre plume bien active et surprenante bonne nuit** |
|
MARIE L. |
Magnifiques tableaux ! Pour avoir lu d'un trait les deux poèmes que j'ai poursuivi par la lecture des commentaires qui apportent d'autres condiments en richesses supplémentaires ,j'en sors éblouie par tant d'images , heureuses , captivantes , fortes de sens par l'impact vivant qu'elles interposent face à notre regard sur notre Nature et le véritable essentiel de notre mode de vie... Mille mercis Georges pour cette invitation à nous poser les bonnes questions sur l'avenir ! |
|
Yuba |
Marie, bonne nuit, qu'elle vous soit douce, je suis ravi que vous ayez apprécié ce poème qui, finalement, puisqu'il est en deux parties, forme un triptyque consacré à la mort et à la renaissance de la nature, en y ajoutant le poème précédent : "Extinction". Merci beaucoup Marie :) | |
jacou |
Assia, vif merci à toi, ton enthousiasme rejaillit sur moi, car j'ai soigné l'écriture du 1er volet en effet, puis je me suis "lâché", comme on lâche prise, pour le 2ème volet de ce poème double. Je suis content que les coms t'apportent également de la matière, parce que je pense que les commentaires sont comme des scolie apportées au déchiffrement des intentions d'un texte, d'une écriture, d'un souhait, et doivent autant que possible aider à la compréhension. Oui, merci vivement ! Espérons que l'avenir, sans être rose, soit porteur des acquis de nos espérances, plutôt que constat de nos souffrances... | |
jacou |
Georges non seulement vous écrivez très bien, vous vous intéressez à beaucoup de sujets mais votre sincérité est si présente que l'on ne peut qu'admirer vos poèmes et s'en imprégner. | |
roserose |
Merci à vous Rose, pour qui j'irais bien cueillir quelques roses...mais comment faire en hiver ? "Où, malheureux, irai-je prendre, Quand vient l?hiver, les fleurs,...?" (Friedrich Hölderlin, "Moitié de la vie") |
|
jacou |
Annonces Google |