J'aime le chant, le soir, de la plaine féconde
Où circule un vent fou, ami des douleurs sourdes
Qui ravage un pays, noyant, chaque seconde
Plus d'un être égaré dont la peur est trop lourde !

Je te veux, vent du soir, riant dans ta tempête
Comme est brillant, la nuit, le fanal du haut phare
Dans ce coin de Bretagne où dorment les grands faîtes
Des maisons survolées où l'on mange des fars !

Au secret d'une de ces masures, fées blondes
Parmi des concertos de musiques qui sourdent
Est la jolie femme au piano qui me seconde
Tandis que j'écris ma chanson célébrant Lourdes !

Des miracles, comme est la pièce "La Tempête"*
Je n'y crois pas, mais l'amour au son du chophar**
Nous allons l'instiller, toutes affaires faites
De sons puissants faisant rougir sous les frais fards !

Ma musique adoucit les grands vents intrépides
S'il le faut nous aurons des canons à pluie russes***
Faisons chanter en pleurs ces rafales rapides
Pour qu'un ciel entier se place aux pieds de ma puce !

J'irai chercher sur la lande oubliée des lunes
L'élixir de la brume où s'enfuit ma beauté
Et, près de Brocéliande où l'on ne voit les dunes
De la mer en exil, j'aurai sa robe ôtée !

Pour que la femme à la face de l'océan
Dise sa vérité, de musique et de chair
Puis je me mettrai nu, entonnant mon péan
Et notre amour sera volupté dans les airs !

*Pièce de Shakespeare
**Instrument de musique des Hébreux
***Ils existent, si si