C'est le printemps pur,
Du moins l'on y croit.
Ô fiole d'azur
Fais soleil qui croît !

Quelque vaine averse
S'attarde en nos lieux.
C'est le ciel qui verse
Ses pleurs à des lieues.

Pourquoi un ciel triste
Verse par-dessus nos têtes
Son eau sur les pistes
Que nous croyions en fête ?

Et l'éternel été
Espéré dès alors,
Vient à son heure, étai
Des belles poudres d'or

Et des chaleurs futures
Dispensées dans les blés
À la sainte Nature,
Aux peuples oubliés.

Il est amoureux d'elles,
Des belles inconnues
Il veut qu'elles fuient, belles
Et nues, dès l'or venu.

Puis vient le terne automne,
Le saint sur cette terre.
Il calme, monotone,
Nos ardeurs les plus claires,

C'est clair ! nous sommes tristes
Comme les ciels d'antan
Et sous nos cils, en piste
Pour pleurer tout le temps.

Mais reprenons-nous donc !
Octobre est un bon fils :
Il comble de ses dons
Novembre où il se hisse

Pour amener Décembre,
Et cet hiver qui veut
Sur des cieux couleur d'ambre
Ajouter tous ses feux

Et la brume et la neige
Et son blanc bleu manteau.
Mais que dis-je et que fais-je ?
Des mots : clichés mentaux.

Ainsi quand vient l'hiver
Nous déjeunons en paix
Cachés au fond, peu fiers
D'oublier l'or rêvé !!