Nous quittons à jamais les prairies trop connues
Les falaises blanches, les lasses rivières
Le pays ne peut plus nourrir nos rêves nus
Cette émigration nous donnera d'autres terres
Le destin désormais nous enlace de fer
L'océan traversé nous redonne naissance
Avec notre enfant il y a tout à refaire
Se peut-il que nous retrouvions un jour l'aisance ?
Je t'aime ma brune amie, et rien ne contient
Mon amour sur ce bateau où nous nous tassons
Des millions des nôtres ont rompu tous leurs liens *
La terre natale se vide des passions
Nous laissons un désert, voguons vers des moissons
Aux couleurs du ciel que mordore un soleil vif
Vers l'ample paysage au-delà des moussons
Serons-nous d'Amérique ou d'Australie captifs ?
Nous nous sommes nous-mêmes bannis de nos terres
Pour échapper au sort des êtres marginaux
La société est dure, au miroir délétère
Je veux pour mon enfant des rivages nouveaux !
D'après le tableau "Le Dernier d'Angleterre" du peintre préraphaélite Ford Madox Brown
*on estime que 20 millions de Britanniques ont quitté leurs îles au 19è siècle
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Histoire
Publié le 11/12/2016
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De belles images qui peuvent s'adapter aux migrants d'aujourd'hui, une bonne idée ce poème. | |
eric |
Merci eric pour ton commentaire qui respire l'empathie pour tous les migrants que les siècles et les heurts ont poussé vers de nouvelles terres. | |
jacou |
Ah Ah, apparemment, elle a retrouvé sa coloration naturelle!Quelle coquetterie(lol),un poème tout en finesse qui nous fait revivre cette exode poignante,il y en aura bien d'autres et ces pionniers ne seront pas toujours tendres avec les populations locales, mais c'est une autre histoire. | |
banniange-deleted |
Sourire. Merci banniange pour ton message : figures-toi qu'en explorant toutes les versions de ce tableau, j'en ai trouvé une où elle est blonde, oui ! oui ! Mais la majorité des représentations la dépeignant (c'est le cas de le dire) en brune, je ne pouvais que m'adresser ce pied-de-nez à moi-même en ce jeu blonde/brune ! Cela m'a amusé de l'écrire, c'était bien sûr une allusion à notre poème commun, comme d'ailleurs le fait d'avoir embrayé sur un texte reprenant le motif du "Dernier d'Angleterre" ! lol Quant à l'envers de l'histoire, ne l'oublions jamais, nous en sommes comptables, l'émigration ne se fit pas en des zones désertes mais dépeuplées par des politiques agressives, tu as raison de le souligner ! |
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jacou |
ah ah décidément ce voyage connaît des péripéties elle est blonde ? |
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marinette |
Oui, une seule fois, marinette ! En faisant une recherche sur cette toile : "Le Dernier d'Angleterre"/"The Last of England" de Ford Madox Brown, j'ai distingué, parmi maintes versions, une version où la femme apparaît blonde ! | |
jacou |
Le poème me fait pensé à la situation en Syrie. L'odyssée d'une tragédie :(( | |
Ismo75 |
Merci Ismo pour ce commentaire ! Oui, j'ai immanquablement pensé aussi à ce rapprochement actuel, à cette nécessaire migration pour demeurer vivant, et il y a là un cas de force majeure : la guerre ! La différence, toutefois, c'est que les Britanniques au 19è siècle ne fuyaient pas une nation en guerre civile, mais la nouvelle pauvreté et les traumatismes engendrés par la révolution industrielle. |
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jacou |
Rude, fort et puissant. Terrible réalité quotidienne. Un poème magnifiquement et horriblement bien construit. J'aimerai avoir telle plume. Magistral. Loïc ROUSSELOT |
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ROUSSELOT |
Mais vous l'avez entre vos doigts, Loïc, cette plume ! | |
jacou |
Chez moi la dame qui part en voyage parait rousse ...lol | |
Yuba |
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