« Lancelot à cheval va d'un trot très tranquille
Il tient une jonquille en sa main pour la fille
D'un maître forgeron sculptant d'aussi beaux fers
Qu'armure et armes du chevalier des enfers.
Arthur a réuni toute sa Table Ronde
Car le dragon pesteux s'entend au loin qui gronde
Gauvain propose un défi à la créature
Perceval veut bouter l'infecte pourriture. »
Ainsi commencé je suis ému du récit
Je me perds dans le rêve où je songe indécis
La légende celtique est de magies prodigue
Puis contre ma folie je n'ai aucune digue.
Mais je sais aussi bien que ce qui m'ensorcelle
Est le bain de minuit nue d'une jouvencelle
Dans l'onde émeraude où tient un roseau dressé
Lys tige indécente où mes yeux ont caressé.
La flore aspire au drame et la noyade assure
Au roman la suite constellée de blessure
Où se narre et se vit l'histoire d'une chute
De pauvrette à la ferme auprès d'un joueur de flûte.
Le torrent s'évadant en mouchetures fraîches
Franchit d'un saut le roc constellant la peau rêche
Du moine moi-même à la pente où je m'accroche
Les degrés de pierre y sont église de roche.
Nimbée de son mystère une soirée s'efface
Devant l'homme au sommet qui a perdu l'audace
Des foulées élevant le stade du paraître
À ce grand équipage où tout consent de l'Être.
Pour finir je vous tends un sachet de myrtilles
Cueillies près du torrent où tant de vie frétille
Sachez les savourer précieuse compagnie !
J'accompagne une pauvrette en son agonie.
"Le voyageur contemplant une mer de nuages" de Caspar David Friedrich :
http://mucri.univ-paris1.fr/champ-contre-champ/
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Evasion
Publié le 20/10/2021
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Véritable évasion dans le monde des légendes arthuriennes, ton poème a quelque chose de ces épopées que chantaient les troubadours et trouvères du Moyen-Age, et j'imaginerais tout à fait tes vers déclamés sur un air de luth aux notes égrenées. En plus, les myrtilles fraichement cueillies... mmmh que c'est bon! :-D Et je ne me lasse pas de voir "Le voyageur contemplant une mer de nuages", tableau célèbre de Caspar David Friedrich, qui me ramène en pensée à mon passé de montagnarde quand du sommet d'un mont gravi à grands efforts, la récompense était justement de contempler la mer de nuages s'étendant en contrebas sur la vallée. Un moment magique, une impression de liberté inoubliable! Merci beaucoup, mon cher Georges, pour ce partage qui, pourtant évoquant quelque chose d'intérieur et de triste (la folie, la noyade, l'agonie), est auréolé d'une grande beauté et expressivité. Avec mon amitié vive pour toi :) |
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Matriochka |
La source des légendes arthuriennes irrigue votre poème au souffle puissant de la marche en pleine nature, en communion profonde avec tous les éléments et avec la mémoire des hommes ... La Nature, en effet, est une Enseignante de sagesse et chacun, s'il se met à son écoute, peut retrouver le chemin qui le ramènera vers le centre de son être, vers l'essentiel. |
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Ombrefeuille |
Bonsoir Jacou, On se promène, on survole plutôt, la Légende et les Arts .. Pour aller contempler, s'évader, se laisser dériver, perdre ses Pensées sur une Mer Nuageuse qui happe .. Bravo ! LyS .. |
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Lys-Clea |
Comme Arthur autour sa table ronde, tu accueilles autour de ta table d'orientation. Partage de ta perception riche et sensible de la Nature... Le tableau qui illustre ton poème m'émeut... Et merci pour les myrtilles ;) |
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Lucyline |
Matriochka, je suis heureux de te rappeler la montagne où tu randonnais, et je te dis merci. Avec ma forte amitié pour toi :) | |
jacou |
Ombrefeuille, merci, oui la nature tient la clé qui délivre d'un soi et est la révélatrice de l'Être, Celui qui consent à la communion avec elle et avec le tout. Vos propos sont sagesse. | |
jacou |
Claire, perdre ses pensées est un bonheur que je cherche : ah m'oublier ! Amitié :) |
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jacou |
Lucyline, ton émotion invite la mienne. Ce tableau était mon préféré quand j'avais 17 où 18 ans et le découvrais. Désormais j'ai une préférence pour le "Souvenir de Mortefontaine" de Corot. Mais tous deux conjoignent ce que j'aime dans l'art de peindre : éprouver une nostalgie, s'oublier dans des lieux féériques, être absorbé dans la nature, pouvoir rêver. Bon appétit pour ces myrtilles que je t'offre avec grande joie ;) |
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jacou |
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