à notre Assia/Yuba, avec toute mon amitié
Le beffroi de Lille ouvre à l'horizon du Nord
Par temps clément l'on voit jusqu'aux lointains de Bruges
Victor Hugo dans la Belgique fut transfuge
Je quittais à peine mon adorée Lénore…
Hugo guidait ma quête au début du séjour
Mais je m'aventurais dans ce pays bizarre
Et c'est alors que je tombais par le hasard
Fada de la cité qui a eu de beaux jours…
Bruges d'autrefois…mais ici gît un mystère
Car la brume épaissie empêchait de tout voir
Aussi je me perdais, puis les cornes d'ivoire
S'ouvrirent et le sommeil descendit sur la Terre…
La foire avait l'allure obscure des boutiques
Fondues en chocolat, et bondées de clientes,
Le kir coulait à flot, les rendant sémillantes
C'était une impression quasiment féérique…
Et c'est alors qu'un elfe apparut au soleil
Mes yeux dessillés lors, je trouvais très étrange
Le spectacle que je voyais, et puis des anges
Descendant du haut ciel faisaient bien des merveilles…
Des ruisseaux argentés coulaient jusqu'au canal
Des tritons se baignaient sous les ponts des canaux
Canalisées étaient des rues nanties d'anneaux
Soulevées ainsi qu'objets de décor banal…
Je vis avec mes yeux un Georges Rodenbach
Passant avec Lucien Lévy-Dhurmer le peintre
L'ayant brossé, portrait, et c'est alors que s'intr-
-Onisa Jan Van Eyck, autre Belge à l'attaque
Je vis Colin Farrell dégainer un Colt noir
Viser son compagnon dans le gras de la cuisse
Ils s'entretuaient tandis que des touristes suisses
Marchaient dans un Moyen Âge en revers d'Histoire…
Je me pinçais, aucun rêve à l'appel, oh mince !
J'étais enfermé dans la boucle temporelle
Qu'une légende installe aux frontières réelles
Nul réveil n'en délivre et pas même un vrai prince…
Rodenbach l'écrivain, puis Farrell, un acteur
Le chocolat venait tout droit de l'Amérique
Or la foire était du Moyen Âge, à l'antique !
Rien ne collait pour sûr dans ces nombreux facteurs…
Le soleil pâlissait dans le ciel fatidique
Un nuage apporta la pluie sur ce théâtre
J'espérais un instant me réchauffer en l'âtre
D'un foyer d'elfe ayant un aspect sympathique…
Et surtout que toute réalité revienne !
Mais même Baudelaire avait perdu la tête
En Belgique, et Verlaine avait, sa prison faite
Converti en croyance un accès de déveine…
Nul espoir en somme de revoir mon refuge
Le passé est bien mort, enterré sous un roc
Quand je pense qu'à Lille on rêvait du Maroc !
Dis, Lénore, à tous, que je suis passant de Bruges…
Notes :
Lucien Lévy-Dhurmer a peint un portrait de Georges Rodenbach,
Georges Rodenbach est l'auteur du roman « Bruges la Morte »,
Jan Van Eyck, peintre renaissant, a vécu à Bruges,
Colin Farrell, acteur, a joué dans le film policier « Bons baisers de Bruges »,
Victor Hugo, après le coup d'Etat de Napoléon III, s'est réfugié en Belgique avant Guernesey,
Charles Baudelaire a fait des conférences en Belgique, pays qu'il n'aima pas,
Paul Verlaine, lui, a fait de la prison à Mons en Belgique, pour avoir tiré sur Rimbaud, le blessant au poignet, visant aussi mal que Colin Farrell (!)
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Evasion
Publié le 27/01/2019
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Tu sais Georges, je ne connais pas cette ville mais son nom me fait rêver, au-delà du chocolat et même d'un roman lu il y a quelques années, qui m'avait pourtant bien marquée : « le rendez-vous de Bruges » d'Armand Lanoux , se passant dans un asile d'aliénés : Monde étrange avec cette frontière fragile entre raison et démence . Mais voilà que ta poésie à la finesse de me projeter aux coins d'univers différents, mais qui se côtoient si intimement , trois pays , trois villes , dans le texte reliant l'utile, ta somptueuse poésie aux agréables aventures historiques, littéraires et artistiques, enrichies de toutes les références dont tu alimentes par ta maîtrise du sujet et ta générosité habituelle, le texte. La fresque est là et je m'y évade sans besoin de m'encombrer de bagages, ou d'un passeport et encore moins d'un visa, les frontières disparues par la magie de l'instant de lecture et par l'éloquence des mots et de leurs émotions palpitantes et si confondues. Mille mercis à toi Georges pour cette toile qui a sur réunir cette zone immense géographiquement, représentant un pan de vie en un âtre chaleureux que je trimbale définitivement comme un trésor au fond du coeur ...le poème que je mets dans les favoris sera également imprimé puis recopié dans mon livre d'or ? |
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Yuba |
quelle sublime ballade poètique dans cette cité aux mille attraits un hommage magnifique à Yuba amitiés:) | |
romantique |
Très beau poème ! Je connais bien cette ville flamande qu'on appelle aussi la Venise du Nord, pour ses beaux canaux. Je connais la Rodenbach, je l'ai goûtée, une superbe bière belge. |
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CRO-MAGNON |
Assia, Sylvain, Olivier, l'amour et la pratique de la poésie nous réunissent, je vous remercie d'avoir lu cette longue poésie qui j'espère, ne vous a pas désorienté : n'allez pas participer à la ronde des passants de Bruges ! @ Assia : je t'offre ce poème, il est hommage. @ Sylvain : merci encore à toi, ami ! @ Olivier : pour avoir goûté des bières belges dans un bar à bières parisien place de la République, haut lieu de dégustation , je devine un tantinet la bonne saveur maltée du houblon que doit avoir ta bière ! Moi, j'ai bu une fois une Arthur Rimbaud venue des Ardennes...si si, ça existe, mais le nom fait plus à l'affaire que le goût, lol... |
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jacou |
Très féerique Bruges Mais comment faites vous jacou pour ainsi écrire ...votre cerveau prend T- il du repos ? Bise :) et merci pour cette magnifique lecture |
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MARIE L. |
Merci Marie ! Le cerveau n'étant jamais en repos, je préfère le canaliser vers la poésie, plutôt que d'autres idées farfelues qui pourraient lui passer par la tête, genre réflexions sur le néant ou bien sexe des anges lol... Pour être plus sérieux, je ne crois pas que la poésie demande beaucoup au cerveau, comparée à la lecture d'un essai, à de la philosophie. Elle est une production qui fait appel à une coalition de souvenirs, personnels et de lectures, d'autres poésies lues aussi, et la faculté de la créer est plus émotive que purement intellectuelle... Bon, je reconnais que je n'ai pas toutes les données en mains, alors je vais m'informer sur cette question qui me taraude également, puisque d'elle dépend justement ma production quotidienne... Bise :) |
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jacou |
J'adore votre poème où ce mèlent beaucoup de point à distance égale d'un même point commun...Hum, géométre en théorie des points convergeants dans un espace multidimensionnel de corps évoluant dans des actions diverses en un lieu donné ? (Ceci est une question).Jacou, vous êtes unique, amusant, cultivé, généreux et vos poèmes le sont aussi et pour ça un grand merci. D'ailleurs avez vous remarqué le nombre de personnes spéciales et dont on apprend tant sur le site? Trouvez vous comme moi que l'avis de chacun comme le fait de pouvoir les lire est un moteur à l'envie de comprendre de plus en plus de choses ? Bravo Jacou de ce que vous et Yuba avez su construire de lien entre tous. |
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Hypothese |
Grand merci Hypothese d'avoir apposé votre griffe ici ! "Géométre en théorie des points convergeants dans un espace multidimensionnel de corps évoluant dans des actions diverses en un lieu donné...", votre question me fait penser à un maître de ballet ou bien à l'araignée au centre de sa toile ramifiée dans diverses directions, pas seulement horizontale cette toile... Je vous dois beaucoup de remerciements pour ces qualités dont vous m'habillez : me voilà emmitouflé au chaud, oui, c'est vraiment très gentil ! Pour répondre au second point que vous soulevez et que je crois comprendre, je dirais qu'un modérateur, à la base, ne doit surtout pas être un flic ou un censeur, même si ces actes font partie de son rôle, son job ordinaire. Le modérateur idéal, que je ne suis pas, qui est un poète et un bénévole avant tout, doit savoir s'effacer et oublier la fonction qui lui colle à la peau. Mais, ne pas trop s'effacer non plus, car je crois aussi qu'un modérateur aimable est celle ou celui qui se fait passeur des émotions et des mots de chacun des membres, interprète parfois, tissant et nouant les liens qui, dans un modeste forum de poésie, sont incontournables. Modérer, c'est assouplir les relations, et mon métier d'agent d'accueil m'a enseigné ce qu'est l'accueil : favoriser le contact, plus généralement tous les contacts. Ainsi donc, je pense comme vous que les avis, les confidences, les cris du cœur, de nos membres sont une formidable manne mise en commun d'émotions et ressentis, dans laquelle tous nous puisons la nourriture essentielle, la "matière-émotion" que définissait un auteur, qui nous permet de poétiser encore et encore. La poésie peut tout, elle crée des liens forts où des membres articulant écriture et lecture en circulation continuelle, forment à eux tous un grand corps poétique. |
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jacou |
Je ne connaissais pas avant, maintenant avec ta poésie je rêve de visiter cette très jolie région que tu as superbement présentée. Merci pour la découverte Amitiés Daniel |
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lefebvre |
Je te remercie Daniel, beau retour que tu fais là ! Pour te dire la vérité, je connais Bruges uniquement par l'écrit et un film. Je tire ce que j'en sais de la de scription 19ème siècle du romancier et poète Georges Rodenbach qui a écrit "Bruges la Morte", ainsi que d'un film anglais riche en vues de la cité : "Bons baisers de Bruges" ! Personnellement, ma connaissance de la Belgique s'arrête à La Panne (si si, ça n'est pas une blague !), sur la route côtière d'Ostende... Amitiés |
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jacou |
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