"Allons Morhange, reprenez-vous, capitaine !
Cesser de boire ainsi qu'un trou, et de noyer
Dans d'âcres breuvages votre antique déveine,
En ce royaume perdu nous sommes choyés !
Tout Saint-Avit que je suis, je veux mourir libre,
Je ne veux pas être prisonnier éternel,
Mais mon Dieu, sachez conserver l'équilibre,
Morhange ! Avez-vous vu ses intenses prunelles ?
Les yeux d'Antinéa sont de braises ardentes,
Elle a le port précieux, majestueux, d'une reine,
Sa face et sa tenue sont fort incandescentes,
Mais pourquoi tant d'or sur ce corps de souveraine ?
Vous dites qu'amoureux je suis ? Je le confesse
Nulle femme à ce jour n'a détaché mon cœur
De la passion d'armes, qui ne sont pas traîtresse !
Comme fût la fille jadis qui me fît peur !
Nous avons conquis les sables, mais les mystères ?
D'Alger la Blanche à ce point, c'est tout un désert
Et l'on dit que l'ancienne Atlantide y prospère
Encore en la légende des hommes-bleus, fiers !
Ces Touaregs du Hoggar sauront nous trouver,
Moi j'aime Tin Hinan-Antinéa, la Femme
Que je trouvais ici a tout charme éprouvé !
Je vais rester à ses côtés, mais vous : de l'âme !
Mon cher ! Ce royaume englouti n'est pas si fort,
Trouvons la faille et je vous en délivrerai
Si vous êtes un homme, alors faites efforts,
Cinq cent lieues de sable pour guérir des Français !
Je renie mon pays car j'aime l'Atlantide,
Ne songez pas aux belles griffes de la reine !
Elles me retiennent : elle est de moi avide,
De même pour moi ! Si ! elle est ma souveraine !
Je protégerai les accès de l'Atlantide
Elle a assez d'hommes pour nous infliger tort,
Les antiques tribus connaissent mieux les rides
Des dunes ! Sachez partir... Oh ! prenez cet or !"
C'est ainsi qu'on perdit un lieutenant fidèle,
Saint-Avit est tombé aux sables du désert,
Disait un rapport militaire après trois mois.
Morhange est en France. Rien d'autre à signaler.
(d'après le roman "L'Atlantide", de Pierre Benoît)
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Amour
Publié le 07/09/2020
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Qui n'a rêvé de la fascinante Antinéa célébrée par tous les adolescents que nous fûmes assoiffés d'aventures, merci d'y revenir, fils d'Atlante! | |
Banniange |
L'Atlantide, mystérieux continent englouti, disparu, et dont on ne sait s'il est mythe ou fut réalité, les historiens se querellant toujours à ce sujet. Vous le faites revivre ici par la magie de votre plume en une aventure dans laquelle on se laisse entraîner parmi les sables du désert, où l'amour côtoie le pouvoir, où la liberté le cède à la puissance de l'attirance. Merci beaucoup pour ce partage où votre poésie se fait conteuse de mystère. Avec mon amitié vive pour vous :) |
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Matriochka |
J'adore le ton du poème, on se croirait dans cette histoire qui amène une grande évasion, un mythe splendide : l'Atlantide. Merci Georges pour le voyage et l'envie de lire ce livre | |
creature |
Bonsoir, Une Plume, Jules Verne ! Lys.. |
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Lys-Clea |
Banniange, Matriochka, Marine, Claire, en votre compagnie que je remercie vit le charme de ce forum de poésie, c'est bon de vous sentir assis au coin du feu, discutant de choses inessentielles, comme la poésie qui est un message de candeur et d'amour. Merci mille fois à vous pour votre amitié dont la chaleur se fait sentir aussi bien ! :) | |
jacou |
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