Fanny cueille une fleur dans le champ de lavande
Hume profondément dans sa robe violette
C'est la saison douce, la saison des provendes
Elle a couru depuis le chemin, elle halète
Sa poitrine sous son corsage se soulève
Elle a rêvé l'instant depuis un matin calme
Il y a au monde un seul couple, Adam et Eve
Depuis l'Antiquité, ils sont sevrés de palmes
Le vent se lève et passe en courant devant elle
Il emporte chapeau et rubans de dentelles
Ce n'est pas le frère qu'on rêve fraternel
Mais un chenapan rêvant nue la femme belle
Sa petite soeur Toots l'a suivie dans le champ
Sa rousseur émouvante éclate en plein soleil
Elle rit, elle joue, fredonne son clair chant
Murmurant le conte où la fée fait merveille
Les deux filles vaquant à leurs occupations
La grande s'éloigne un peu, serrant sur son coeur
L'objet si fragile qui contient sa passion
Et a voyagé loin, contre le Temps vainqueur
Il s'agit d'un papier au format d'une lettre
Hâtivement griffé d'une écriture exquise
Car elle reconnaît les mots vibrants de l'être
Qui a pouvoir solaire à fondre sa banquise
John Keats donne de ses nouvelles si lointaines
A sa fiancée perdue, Fanny Brawne, c'est elle
Qui poursuit les mots doux à en perdre l'haleine
Des mots fous aussi bien d'un amour immortel
Le poète a semé l'abondance de vers
C'est un homme qui est pauvre et tellement jeune
Mais il est atteint de la maladie sévère
Attaquant ses poumons, l'obligeant à des jeûnes
John est à Rome où la femme, de l'Angleterre
Vole en songe auprès d'un tuberculeux à mort
Elle s'assied dans la lavande, solitaire
Au bord de faillir des durs mots d'un matamore
Il a dédicacé son tout dernier poème
Qui de "John à Fanny", joint la postérité
Elle sait que jamais plus ils ne diront "j'aime"
Pour la jeune femme, c'est le suprême été
(John Keats, grand poète anglais, a aimé Fanny Brawne, ils allaient se fiancer quand il est mort de tuberculose à Rome, à 26 ans.)
Un film, "Bright Star" de Jane Campion, raconte leur passion. Un recueil de leurs lettres est paru.
Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Amour
Publié le 16/04/2020
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voici le plus beau poème de toi que j'aie lu il est léger comme la vie il est sans inclusions il parle simplement comme l'amour |
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marinette |
Keats, Coleridge, Tennyson, Dickinson et tant d'autres de cette riche moisson anglaise ont nourri mon imaginaire de jeune amoureux du monde que c'est toujours avec plaisir que j'entends leur nom, , ton poème délicat leur rend un bel hommage et surtout à celui qui hélas ne put longtemps goûter aux "all thing of beauty is a Joy forever". | |
Banniange |
Que c'est beau ! | |
Quai 21 |
Marinette, un grand merci à toi d'écrire ici, tu as parfaitement raison, lorsqu'il fut écrit j'étais dans une période bénie il y a deux ans, sorti d'une dépression et retrouvant mes sensations normales. Je me garde bien d'oublier ta voix, lors de ta lecture, qui rendit si beau ce poème. Protèges-toi bien et passe une bonne journée, dans notre confinement ! |
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jacou |
Banniange, vif merci, et le film, tiré de la vie de ce poète de haute lutte en ses amours avec Fanny, devint à son tour un cadeau pour une personne qui m'a été très chère... Chaîne de l'amour par delà les siècles d'admiration pour Keats... Bonne journée ! | |
jacou |
Quai21, merci beaucoup pour votre exclamation qui me touche. Passez une bonne journée protégée. | |
jacou |
Un poème prenant, où l'on se croit d'abord en compagnie de Fanny et de Toots dans ce chant de lavande, au doux vent de l'été, puis où on sent son coeur se briser quand on comprend ce que contenait cette lettre. Vous avez su faire passer la force de l'émotion par vos mots et vos vers, et décrire de façon très sensible la maladie dont souffrait John Keats, et la blessure que son trépas laisse au coeur de sa fiancée. Merci pour la grande beauté de ce poème que je mets en favori. Avec mon amitié :) |
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Matriochka |
Bonsoir, On se baladait sous un chaud Soleil, ivre de la Liberté, ému de cette Lettre que Fanny tient contre son Cœur chamboulé, et l'on finit triste d'un Amour qui sera brutalement éteint .. mais Poème beau lire sous la Plume d'un Conteur apprécié Ici.. Lys-Clea |
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Lys-Clea |
Sublime ! Poème où l'histoire est contée avec toute la délicatesse qui sied aux émotions vives et authentiques , marquant le sentiment de faillir d'amour puis de le perdre dans sa suprêmatie... Merci Georges pour cet art poétique fabuleux qui me donne envie d'aller chercher la poésie de John Keats! |
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Yuba |
C'est brillant de poétiser les amours trop brefs de ce couple de poètes. | |
TANGO |
Beau romantisme ! Qu'il est bon de rêver de sereines amours même au bord du passage. | |
Moi80 |
Matriochka, Claire, Assia, Tango, Moi80, c'est avec grand retard que je vous remercie de vos commentaires si importants sur ce poème qui me tient tant à cœur, car Marinette a raison : c'est mon meilleur équilibre de funambule. | |
jacou |
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