Les sapins des forêts cheminent en silence
Ils vont dans la nuit froide auprès de ces bâtisses
Où les humains placent leurs joies et font licence
À coups de boissons, de chaleureux liens qu'ils tissent

Les écureuils bombardent de fraîches noisettes
Ces passants attardés par les cadeaux qu'ils cherchent
Jusqu'au dernier instant en pensant à la fête
Jusqu'à plus soif, ainsi que des liqueurs émèchent

La neige en dépôts de flocons étend la nappe
Pour les toujours enfants dont nul Noël n'est vrai
Sans le semis précieux de la blancheur, étape
Vers l'église où l'on chante en s'aidant d'un livret

Car tout veut consonner dans la période aimée
Que dessine en deux temps l'année qui va finir
Les êtres et choses en vitrine admirés
Aux magasins ainsi qu'aux miroirs d'avenirs

Les cieux resplendissants brillent de mille feux
Un fanal étend sa verve, au lointain s'enflamme
Un quasar explosant fixe un court moment radieux
Où deux amants pour l'éternel mêlent leurs âmes

Les sapins sont entrés dans les maisons près d'âtres
Dont la chaleur humaine est notre plus belle offre
En pyjamas d'enfants nous attendrons, rosâtres
Champagnisés que sonne un minuit et son coffre

Ce coffre du Père Noël, s'il le déverse
Aux cheminées, c'est à foison qu'il nous dispense
Les plaisirs des présents qui pleuvent en averse
Sur nos têtes folles où plus rien ne se pense

Mais tout se réjouit d'être vivant à cette heure
Le poète fait ses vers un peu trop bancroches
C'est qu'il a peu bu en raison du bonheur
Qui l'attend, blotti dans une ville si proche