« La suivante écarlate* a refermé les portes
Appliquant à la lettre* un ordre et la consigne
Voulant qu'un grand amour loin des yeux se transporte
Et glisse sur son erre ainsi que font les cygnes

Silence de la mer* dans les nuits et brouillards
L'exil en son royaume* est mon cœur combattant
Un petit muscle en corps mais combien débrouillard
Dont la pompe est pareille à ce qu'un roi attend

Tu es reine en ces lieux où l'enfer c'est les autres*
Les mots et les choses* sur toi je superpose
Bijoux, velours, soieries où longtemps je me vautre
Quand je te contemple lorsque tu prends des pauses

Nous régnons aux jardins descendants en terrasses
Fleuries le long de Loire où dormir son long cours
Fleuve placide où s'est recueillie notre race
Que la « furie française* » assigne en des concours

C'est alors sous mon heaume au dégainer des lances
La chaleur de l'assaut aux joutes comparables
À celles que l'amour suscite et lors on s'élance
Sur des coursiers de vent dans l'ardeur innombrable

Ton amour est nombreux s'élaborant dans l'ombre
Fleurant l'ellébore où se goûte en bols d'éthers
L'éternité à quoi je collabore quand sombre
Mon esprit dans la joute et que s'enfuient les terres

Dès lors près des bosquets posons nos bilboquets
C'est assez renaissant que nous soyons livresques
Ivres toutes les nuits balbutiant des hoquets
En nous va babillant un petit monde en fresque »
*
Le moine Jean referme enfin ce trop grand livre
Féru des temps courtois il vit d'enluminures
La passion du beau lui fait imaginer de vivre
Chez les minuscules rois dont il revêt l'armure

Son rêve est tentation et la lutte indécise
Le supérieur va le déplacer aux jardins
Foin des épis fanés son songe se précise !
Il se sait dans un corps qu'épiphanie atteint

Les grands orages d'acier* tombent en pluies impures
Un jeu de perles de verre* en ruisselant le mouille
De chagrins et de jours* sa vie passée s'apure
Il est au jardin où il plante des citrouilles

(*la « furie française » traduit l'idée et l'expression italienne de « furia francese »)
Les astérisques (*) signalent des titres de livres inclus (le moine Jean est livresque), parmi lesquels sont ceux de Hawthorne, Vercors, Sartre, Camus, Foucault, Jünger, Hesse, Proust.

Écrit par jacou
L'art alchimique me tue, me transmute, me sublime. J'en renais plus fort, poétiquement. À suivre.
Catégorie : Amour
Publié le 04/07/2019
Ce texte est la propriété de son auteur. Vous n'avez en aucun cas le droit de le reproduire ou de l'utiliser de quelque manière que ce soit sans un accord écrit préalable de son auteur.
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Commentaires
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Posté le 04/07/2019 à 11:48:49
Il est magistral ce poème !
Je l'ai lu plusieurs fois tant les images décrites semblent parvenir d'une zone paradisiaque haute en couleurs , c'est que ma lecture tenait à bien en découvrir chaque étape éclatante par la lumière fulgurante que le choix de toutes ces œuvres essentielles en total harmonie dans l'écriture laisse découvrir d'une autre vie qui se dessine dans les traits du poème ...
Grand bravo Georges , ce texte prend la route des favoris !
Yuba
Posté le 04/07/2019 à 12:13:46
Un exercice périlleux qui rend hommage à quelques grands auteurs incomparables, je reste un peu mitigé devant ce bouillon de culture mais dans le fond avec le titre tout peut s' accorder et puis la citrouille finale est un joli pied de nez!
Banniange
Posté le 04/07/2019 à 21:27:58
Assia, je te remercie d'avoir accompagné ta lecture en comprenant que le contenant et le contenu était ici indissociables. Oui, merci beaucoup pour ton com !
jacou
Posté le 04/07/2019 à 21:36:16
Banniange, merci d'avoir saisi que le texte, dans les strophes autres que les 3 dernières, exprime la songerie du moine devant l'enluminure dessinée, que c'est lui qui donne parole à ses fantasmes, traduites en vers. Oui, comme tu dis, l'essai est périlleux, mais ce moine c'est moi, et ce sont ces titres qui m'assaillaient l'esprit tout en écrivant, aussi, pour m'en débarrasser, je les ai imprudemment peut-être intégrés au poème, ne pouvant m'en départir. Restait à justifier la chose : rien de mieux qu'un moine livresque, ivre de livres et vivant dans l'esprit, pour exalter sa passion détournée des tentations de la chair, que les livres ici remplacent.
Bien avant Halloween, je dis : vive les citrouilles ! À te lire !
jacou
Posté le 31/03/2024 à 22:11:57
C'est magnifique :)
Bleuet_pensif
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19/04 08:58Sarahg
Ok.
19/04 08:56Plume borgne
J'ai pas dit le contraire
19/04 08:52Sarahg
Non, les destins peuvent être merveilleux.
19/04 08:50Plume borgne
Tout se résume au livre ivre d'une vie de givre
19/04 08:00Sarahg
Remarque, un livre où tout est déjà accompli, ce serait pas mal.
19/04 07:45Sarahg
Ce serait un livre douloureux. Un livre a besoin d'une histoire, de vie.
19/04 06:43Plume borgne
Imagine un livre d'une page dont le titre serait livre dans lequel il n'y aurait que le mot livre en préface en histoire et en résumé
17/04 07:42Sarahg
"C'est pas marqué dans les livres que l'plus important à vivre est de vivre au jour le jour, le temps c'est de l'amour..."
17/04 07:25Plume borgne
Les décisions sont un fléaux
17/04 06:51Sarahg
Indécis et ancré à la terre du destin.
17/04 05:00Plume borgne
Essaye d'imaginer quelque chose en étant le plus indécis possible
17/04 02:47Sarahg
Imagine qu'il n'y ait jamais de tristesse indicible
16/04 08:28Plume borgne
Imagine qu'on parvienne à tuer l'ennui
15/04 10:58I-ko
imagine qu'il n'y a rien à tuer ou à mourir
15/04 05:16Plume borgne
Pourquoi ne pas imaginer l'imagination ?
14/04 04:41Bleuet_pensif
Si seulement cette imagination était réelle...
14/04 04:31I-ko
imagine tous les gens vivre leur vie en paix
12/04 07:39Ocelia
Imagine les gens vivant pour maintenant, imagine si le paradis était un mensonge. Lennon
11/04 04:10Sarahg
À méditer pour vous en ce jeudi.
11/04 04:09Sarahg
"La folie est un don de Dieu". Jim Fergus

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