Nous avons eu des jours heureux et malheureux
Nous nous sommes aimés, et nos tendres amours
Ont fait pâlir certains soirs la couleur d'anciens cieux
Lors, nous nous savions engagés à chaque jour.

Sur les chemins d'errance où nous perdions gaiement
Le fil de nos pensées entretissées de soie
Nous portions nos pas imprudents en garnements
Chenapans de l'amour toujours tout plein de soi !

Je me souviens encor de la première ébauche
Notre rapprochement au fond d'un restaurant
Repus de mets, mais non repus de la débauche
La nuit qui s'ensuivit est hors de tous les rangs !

Nous disparûmes dix jours, perdus sur la Terre
En l'aidant à tourner en toute pureté
Les lits et les draps n'étaient plus des somnifères
Ne cachant qu'instants ton cantique de beauté !

Que de jours suaves qui se suivirent dès lors !
J'ai pourvu l'autel des offrandes à ton règne
Durant des années fidèles dès les aurores
Nous avons su ces ciels d'ors que le soleil baigne.

Puis, par l'âge lassé de tant de tendretés
L'amour a mué en une douce inclination
Oh non nous n'avons pas vieilli dans l'amitié !
Les désirs pressants comblant l'imagination...

Mais, pour le dire, un peu de piment des vieux jours
Des travestissements pour jouer la comédie
Des jeux soignés qui font qu'on baisse l'abat-jour
Et l'on se chuchote alors les mots interdits !

Tristan et Yseult, Paolo et Francesca
Ophélie et Hamlet, tels furent les rôles
Que nous décidâmes d'endosser, de tels cas
Permettant de penser que la Mort souvent frôle...

Nous sommes immunisés contre la faucheuse
Elle n'aura que nos os, mais non pas nos âmes
Notre Amour pourvoira de lueurs nuits radieuses
Où des couples suivants diront : "Merci M'sieur Dame !"