Un extrait de l'école de la poésie, de Léo Ferré
"L'alexandrin est un moule à pieds. On n'admet pas qu'il soit mal chaussé, traînant dans la rue des semelles ajourées de musique. La poésie contemporaine qui fait de la prose en le sachant, brandit le spectre de l'alexandrin comme une forme pressurée et intouchable. Les écrivains qui ont recours à leurs doigts pour savoir s'ils ont leur compte de pieds ne sont pas des poètes: ce sont des dactylographes. Le vers est musique; le vers sans musique est littérature. Le poème en prose c'est de la prose poétique. Le vers libre n'est plus le vers puisque le propre du vers est de n'être point libre. La syntaxe du vers est une syntaxe harmonique -toutes licences comprises. Il n'y a point de fautes d'harmonie en art; il n'y a que des fautes de goût. L'harmonie peut s'apprendre à l'école. Le goût est le sourire de l'âme; il y a des âmes qui ont un vilain rictus, c'est ce qui fait le mauvais goût. Le Concerto de Bela Bartok vaut celui de Beethoven. Qu'importe si l"alexandrin" de Bartok a les pieds mal chaussés, puisqu'il nous traîne dans les étoiles ! La Lumière d'où qu'elle vienne EST la Lumière... "
on peut trouver la chanson complète sur Youtube
Écrit par hysard
L'écriture est une liberté, avec ses cris, ses douleurs, ses joies et ses sourires... http://lesmotslibres.legtux.org/
Catégorie : Citation
Publié le 12/10/2012
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Merci mon hysard pour ce beau partage matinal ! je t'embrasse. | |
flipote |
Je n'aime pas tellement les phrases globalisantes comme "celui qui fait comme ça n'est pas poète". Je ne comprends pas comment quelqu'un peut s'autoriser à dire à l'avance "ceci ou ceci n'est pas de la poésie". Sinon je suis d'accord avec le reste. |
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blueberry |
Tout à fait d'accord avec toi, blueberry (heureux de te revoir !), je voulais juste faire découvrir ce texte où globalement Ferré donne son point-de-vue sur la poésie, refusant justement les conventions qui limitent la poésie, ça vaut vraiment la peine d'écouter le texte en entier. http://www.youtube.com/watch?v=OAdoj_fVsuY |
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hysard |
J'ai eu l'occasion de lire, je ne sais plus où ni sous quelle plume (pardon), quelque chose du genre : "La beauté est dans l'oeil de celui qui regarde". Ce qui est dit ici pour la peinture et la sculpture me paraît absolument applicable à la poésie. Ce qui compte, me semble-t-il, c'est l'émotion ressentie par le lecteur (ou l'auditeur). | |
Mokolo |
J'avais écrit un texte sur ce sujet : Rien n'est beau, Rien n'est laid. Ni l'arbre, qui puise ses forces dans la terre des morts, Pour lever au ciel ses branches effilées. Rien n'est beau, Rien n'est laid. Ni le gel, qui brûle les branches des arbres où il s'accroche, Pour scintiller de mille feux dans la lumière évanescente. Rien n'est beau, Rien n'est laid. Ni la tombe, si merveilleusement ciselée par le sculpteur, qui te rappelle que l'autre n'est plus, Rien n'est beau, Rien n'est laid, Tout est une question de regard... |
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hysard |
Merveilleux ! et il part dans mes favoris ! Bisous |
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Yuba |
La poésie comme toute forme d'art obéit aux lois de la subjectivité, ce texte de Ferré me séduit tout autant que le vôtre, belle journée. | |
amnous |
Très bonne idée de porter à notre connaissance cette vision de Ferré sur la poésie. | |
TANGO |
Merci, mystérieuse amie sans nom (?). Ce petit bug arrive parfois, j'ignore pourquoi. Hysard |
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hysard |
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