Il y a des moments
Où j'aimerai suspendre le temps,
Pour trouver l'âme soeur
Qui partage cette logique
Du rien n'apparaît facile
Comme dans les livres d'histoire
Où la vérité cherche une place.
Mais dans ces pages,
Trop de lignes écrites
Ne laisse que peu d'espace libre.

Il y a des moments
Où j'aimerai suspendre le temps,
Comme le funambule suspend sa vie,
Dans l'équilibre, sur son fil,
Au dessus d'un précipice,
Pour crier qu'il y a toujours un risque
Dans chaque pas d'une entreprise
Mais que ce fil le sépare aussi du vide
Et surtout de l'oubli.

Il y a des moments
Où j'aimerai suspendre le temps,
Pour exorciser l'angoisse
De notre génération abandonnée
A cet avenir sacrifié,
Pour cause de marché,
Aléatoire ou financier,
Qui nous laisse beaucoup trop loin des réponses,
De cette attente injustifiée.

Il y a des moments
Où j'aimerai suspendre le temps,
Pour expliquer cette souffrance,
Qui dure qu'un instant,
Et pourtant si latente
Qu'elle mûrit pendant des ans
Dans une niche de l'esprit qui,
Toutes affaires cessantes,
Cherche à s'exprimer par petites tranches,
Sur cette âme qui se replie
Comme une feuille se recroqueville
Dans l'automne aux aspects si fragile
Qu'on vient s'y blottir,
Pour lui redonner un peu vie.