Tout ce que tu redoutes
C'est le silence de l'océan
Tout ce qui t'épouvante
C'est l'immensité du néant
Tu te réfugies
Dans cette goutte
De pluie
Insignifiante
Mais ô combien puissante
Et tu voyages
A travers ce grain de sable
Si infime
Mais qui va loin
Par delà les cimes
Par delà les fleuves
Pour qu'il te dépose en face de ton moi
Toi qui redoutes ta nudité
Qui te caches derrière des toges
Derrière les loges
Du faux opéra de la vie
Mais qui veux-tu fuir
Toi qui as affûté le silex
Pour donner la mort ?
Mais qui veux-tu fuir
Toi qui as maîtrisé le feu
Pour brûler l'espoir ?
Mais qui veux-tu fuir
Toi qui as apprivoisé la foudre
Pour ternir l'éclat du vrai miroir ?
Te voilà enfin
Face à ce silence assourdissant
D'un océan qui refuse de chanter
Dont les vagues refusent de danser
Il fait le mort devant ton apparition
Car c'est par la mort
Que renaissent les vielles chansons
Chantées autour d'une galette orge
Partagée par les mains noueuses d'une maman
Qui savait être femme
Sans passer sous les feux de l'éclat
Des fausses beautés
Fabriquées pour des stylistes payés rubis sur angles
C'est par la mort que ressuscitent
Les vieux contes
Jamais portés sur écran
Jamais dévoyés par les faux scénaristes
Qui pipent les dés de la vérité
Au hasard de leur voracité
Mais te voilà enfin
Face à ton corps décharné
Par des siècles d'errances
A poursuivre la trace des dieux malicieux
Des dieux vicieux
Des idoles frivoles
Par qui ton « Je » s'envole
Vers des olympes de l'absurde
Vers des vallées stupides
Vers des arènes morbides
Vers des combats sordides
Et tu as peur du silence de l'océan
De la somnolence des forêts
Du bruit bizarre du sable qui s'entrechoque sur le granit
Granit éternel sosie de ton immobilisme
Éternelle déchéance de ton « Je »
Pris au jeu
De tous les jeux
Qui se jouent en joutes
En compétitions
En émulations
En concurrences
Pour faire de toi ce dieu de stades
Cette star adulée
De qui on se gausse chaque fois que tu tombes enrhumé
Te voilà gladiateur sans vertu
Esclave de ta rapacité
Valet de ton ambition
Sujet de tes tentations
Cupide
Perfide
Jusqu'à la moelle de l'os
Et face à ce vide de l'océan
A la désolation du désert
Tu te sens petit
Alors que tu te croyais grand
Petitesse qui aiguise ta hargne
A domestiquer les autres
Voile pour la femme
Tu es bourreau
Prostituer la femme
Tu es proxénète
Et pour ta défense tu invoques la fatalité
Et cet éden à cause d'elle perdu
Et ton honneur
Dans un hymen blotti
Se déchire comme papier à tabac
Qu'avec mépris on rabat
Mais l'océan te méprise
Le désert t'ignore
Et tes ablutions ne font que se souiller de tes torts
Ait Slimane Hamid
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La lecture de ce texte demande une grande énergie. Mais elle en vaut la peine ce poème est sublime par son lyrisme sa vérité sa fécondité et sa lucidité implacables qui s'inscrivent dans un processus poétique époustouflant ! Bravo l'artiste ! | |
thimothee |