En ville anonyme au repos du brouillard
Peuple travailleur se réveil, j'ai le chapeau du touriste
Les cafés s'ouvrent, les éboueurs s'échappent
La ville est prête quand l'aurore s'attriste.

Je n'ai aucune autre question, que toutes les questions du monde
Celles qui font peur, qui éduquent, ou qui se cachent
Comme un lapin blessé adossé à l'érable
Qui ne sachant où aller, attend qu'une fable
Lui destine la suite par une fée enchantée.

Il attend la suite, ne sachant pas mourir
Il attend la suite, comme on attend le temps
Car même si l'on croit en dieu, ou aux réincarnations
Devant la mort se noient toutes les sûres pensées.

Hier à Saint-Guilhem-le-Désert, aujourd'hui à Aigues-Mortes
Mon seul guide touristique se prénomme l'envie
Qui dès fois fatigue mais souvent resplendi
Dans les mémoires labyrinthiques qui m'ouvrent ses portes.

Je suis un poète fané, curiosité au glaive
Dont la larme a trop coulé dans les métaphores fêlées
Sur la pointe des pieds, et aussi nu qu'était Eve
Je ne vêts que des miroirs et des doux feux-follets.

En ville anonyme au repos du brouillard
Je me berce de découvertes et de folles histoires
Racontées par les panneaux de bois devant les monuments
Qui surprennent mon regard sur les grands rois d'antan.

Il y a l'histoire écrite, et l'histoire imaginaire
Celle le soir éteinte de la dernière flamme
Par les lumières confuses des curiosités de l'Âme
De cette journée magique d'une jadis ère.