Soufflez-moi les mots encore
Je n'entends pas de si loin!
Cette distance m'exaspère
Je ne sais lire sur les lèvres!
Levez le rideau, que je vous vois
Ma mémoire blanchit sans public!
Ma verve s'étiole aux bancs vides
Quelle tristesse! Ce théâtre nu!
Où sont les rires, les soubresauts
Les mains qui tambourinent de bonheur?
Regardez la langue de Molière
Rougir du sang veuf de la passion!
Je me costume, je me coiffe
M'égosille comme le merle!
Y'a-t-il quelqu'un au premier rang
Pour me mettre les mots en bouche?
Ah! Quelle tristesse ce décor
Je vois si petit, de si loin
Me faut-il ces grandes loupes
Pour combattre mon ennemi?
Je sors mon épée, attention!
Je suis enfin prêt pour le duel
Je pare, je feins la pleutrerie
Je m'incline, j'envoie l'offense
Écrit par fee-de-ble
la beauté est là où on s'y attend le moins
Catégorie : Arts
Publié le 17/04/2020
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Commentaires
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Posté le 17/04/2020 à 17:10:35
Un poème que je verrai bien déclamé sur la scène d'un théâtre, car vous y avez mis de ce qui faisait l'esprit et la puissance des tirades dont Monsieur Molière aimait à émailler ses pièces. Merci pour ce partage plein de verve, un vrai plaisir à lire. |
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Matriochka |
Posté le 17/04/2020 à 19:36:10
Bonsoir, Excellent !! FA VO RI ! Bel Hommage à ces Théâtres en Attente .. Quand donc retentiront les 3 Coups, quand donc écouteront les Tirades ? Quand donc ces Comédiens entendront-ils les Rires, les Applaudissements et les Rappels ? Merci pour ce Beau Texte ! Lys-Clea |
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Lys-Clea |
Posté le 18/04/2020 à 16:52:57
Entre l'actuel confinement qui vide les lieux de rencontres et de spectacle, et ce que peut vivre un acteur vieillissant, qui voit et entend moins bien, ce texte touche juste à tous les coups ! Avec panache, évidemment ! Ainsi que le proclamait Cyrano de Bergerac, "A la fin de l'envoi, je touche !" Molière n'eût pas dédaigné ce poème qu'il eût peut-être déclamé avec plaisir et faconde, lui qui vivait par et pour le théâtre, au point de lui vouer jusqu'à son dernier souffle. |
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Ombrefeuille |
Posté le 18/04/2020 à 20:12:09
Merci Matriochka, Lys-Cléa, Ombrefeuille! Un hommage pour tous ces gens qui nous transmettent leur passion dans le rire, l'absurde, les quipropos qui se battent contre l'ennemi invisble qui s'acharne présentement | |
fee-de-ble |
Posté le 24/04/2020 à 03:29:32
Entre Cyrano et Don Quichotte, un théâtre de la cruauté que le poète Antonin Artaud aurait restitué dans son "Théâtre et la Peste". Les temps actuels sont à relire Artaud et ses sortilèges de guérison, je le crains... Théâtre mental. Merci Fée. | |
jacou |