À Yves-Marie

Tu étais dans mes bras une fresque
Et le respir d'un monde nouveau-né
Portant-à-faux nos pas
J'ai vu le ciel brûlé poindre
Et tes brouillards se dissiper
Toi, mon île en noir

Tu étais dans mes bras un lai
Suis-je petit
Si une épave de ma planète
S'attire des foudres
En embrassant ton cou?

Tu étais dans mes bras une corde
Qui résonnait dans les ténèbres fêlées
Qui entouraient ce polisson de mois
Où on a rage de vivre
Malgré la mort celée

Et dans les eaux stagnantes
Dans les lagunes funestes
Et dans les cris des soûls
Et dans le pathétique
Dans le non-dit sénile
Ou la caresse des glaives
Dans la pureté des lacs
Dans le fracas des mâts
Dans l'amitié muette
Dans la conscience violée
Dans celle des mercenaires
Et dans le flair du temps
Dans le bercail des traîtres
Tu m'as montré peut-être
Que la tendresse demeure

Tu étais dans mes bras un fantôme
Dans les temps forts
Tu fus ma paix et ma boussole
Et comme un poisson entre les fils
Je t'aime, je t'abandonne
Et je me bats encor
Et je me bats encor

(Cycle "Derniers poèmes")