Pourquoi le mont Parnasse est-il si escarpé ?
Seuls quelques uns parviennent à défier la pente
Après avoir grimpé, d'une rime on se vante
De la multitude les "uns" sont extirpés
Si les poèmes poussaient tels des pâquerettes
Qu'on épétale en lisant, qu'on épuise en mots
Tout le monde écrirait ses joies ses pleurs ses maux
Chacun en jouirait, voilà une requête !
Mais les siècles s'écoulent et le Parnasse reste
Haut, et les poèmes obscurs, clos, indigestes,
Hermétiques, et lus par les seuls marginaux.
Le jeune qui se lanc' se pense médiateur
En réalité il sépare les lecteurs
De tous ceux qui ne sont pas des originaux.
(La poésie est ma passion, et je regrette que cet art soit si élitiste et difficile d'accès. Ceux qui le disent universel l'utilisent pour se distinguer des "incultes". En se croyant unificateur du monde le poète ne fait que le scinder entre sa communauté poètophile et la masse des autres.)
Écrit par Zigzag
\"L\'art est un mensonge qui nous fait saisir la vérité\" Picasso
"Mon bonheur ne serait pas bien grand, si je pouvais dire combien il l’est… " (Beaucoup de bruit pour rien, Shakespeare) Catégorie : Pensée
Publié le 01/08/2020
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Peut-être que la meilleure option, c'est d'écrire pour soi... Puis, les muses ne sont pas élitistes pour deux sous ;-) Je lis des merveilles de parfaits inconnus, des poèmes plus fades d'illustres personnages. Si je peux te poser une question : pourquoi trouves-tu la poésie difficile d'accès ? Quel est ton but, être reconnue dans le monde de l'édition ? Je pense que l'histoire du succès, ce n'est pas que le talent, il y a beaucoup de facteurs aléatoires, dont celui de la chance. À tel moment ça marche parce que x ou y sont bien à leur place dans l'équation. Par exemple, des poétesses talentueuses il y a dû y en avoir tout autant que des Rimbaud, Baudelaire et consorts, mais elles sont passées à la trappe car la femme n'avait aucune reconnaissance en ces siècles passés. Je t'encourage à continuer l'écriture, tu as un petit truc clairvoyant dans chaque poème qui me plaît bien. Bonne route pour la suite, et... bonne chance ;-) |
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creature |
La poésie n'est nullement élitiste, comme l'ont prouvé tant de poètes, Prévert et Queneau par exemple, qui ont démocratisé son accès à tous les publics par leurs thèmes de traitement. Eluard a su considérablement mettre la poésie à portée de tous. De plus, la chance a voulu que des chanteurs relaient des poètes en les interprétant, par exemple Aragon fut bien servi dans ces adaptations. Et j'en passe. Bien sûr, à côté du versant qui se veut à la portée de tous, il existe une tradition hermétique dans la poésie, que Pascal Quignard fait remonter au Grec Lycophron, illustrée en France par Scève, Mallarmé, Char. Mais que dire de la poésie inspirée par la pratique américaine "objectiviste", soit la de scription presque prosaïque du quotidien par la poésie (Williams en est un exemple à suivre), qui a diffusé ici, notamment parmi les poètes amateurs ? Un certain public choisit d'avance de se restraindre en décidant que la poésie est forcément élitiste, ce qui est totalement faux. Rien de plus simple qu'un poème de Ronsard ou de Corbière ! Des poètes bien sûr ont intérêt à se réfugier dans les tours d'ivoire bien commodes qu'un défaut de voir chez les lecteurs potentiels rend imposantes en apparence. Dans cette voie, le 19ème siècle a émis une théorie de "l'art pour l'art" où les Parnassiens "et d'autres, rares, se sont engouffrés. Il existe encore une telle tradition du sens illisible dans la poésie d'ici, heureusement rare. Enfin, les poètes amateurs et les auteurs de poèmes ont parfois l'astuce de se vanter en laissant croire que l'écriture poétique est plus savante qu'autre chose. C'est totalement faux. Au contraire, le clavier de ses applications étant plus restreint que celui du roman, où tout le déploiement du langage ramifié est bien plus facile à opérer, la poésie ne dispose pas vraiment des moyens d'être élitaire, à savoir jeter aux yeux une combinaison inouïe de vocables rares, apprêtée dans un langage choisi et une tournure si noble qu'elle impose le respect. Et que dire de l'inculture de poètes amateurs alignant des rimes, démocratisant par leur pratique même la poésie d'aujourd'hui comme elle fut de tout temps, avec Villon, Du Bellay, Chénier, Hugo, Rimbaud, etc...et leurs mots simples, quand leurs métriques étaient savantes ? Mais là c'est un autre débat qui s'ouvrirait, semblable à confondre le jazz ou l'opéra avec pop et opérette, les romans de Guillaume Musso avec ceux de Pierre Michon... |
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jacou |
Merci pour vos commentaires ! La poésie n'est pas élitiste par nature (bien sûr tout dépend du poème), aussi je suis d'accord avec le commentaire de Jacou. Je pense moins à la poésie en elle même qu'à son public, et qu'à la manière dont elle est considérée. Sa connotation dans la société d'aujourd'hui. Dans le fond, c'est plus sociologique que littéraire. Merci créature ! Pourquoi je trouve la poésie difficile d'accès, c'est considéré (au 21e siècle en France, mais peut-être déjà il y a plusieurs siècles, où la poésie ne se lisait que dans les salons littéraires) comme un "truc de bourgeois". Bien sûr, c'est un cliché, mais le fait est que la poésie se publie moins facilement, se lit peu et se vend moins bien que, par exemple, le roman. (C'est pourquoi j'aime ce site : il forme un bon-contre exemple de ce que je viens d'écrire). Enfin, ça peut paraitre évident et c'est en simple bonus, la poésie n'est pas universelle ne serait-ce que car elle est écrite dans une langue et difficilement traduisible. Une bonne maîtrise de la langue (chose inégalement répartie) sépare les lecteurs de ceux qui, faute de cette maîtrise, ne peuvent pas en profiter. Mais c'est une autre question... Mon but ? Pas spécialement qu'on me publie, je n'écrivais pas ce texte en pensant à moi. (Ceci dit, ça ne me ferait pas de mal). Je veux continuer à écrire, c'est sûr.Peut-être démocratiser la poésie, mais c'est un peu ironique de ma part car mes poèmes (sans que je ne le fasse exprès) sont assez élitistes... |
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Zigzag |
C'est vrai qu'il y a ce côté injuste, pour les personnes analphabètes, qui ne peuvent pas avoir accès à la poésie écrite. Mais il y a aussi la poésie du dessin, la poésie des gestes et des moments... La poésie c'est tout un art oui, un art de vivre ! et non pas un petit code entre bourgeois. Elle s'immisce partout et dans la vie de tout le monde, si on lui prête attention... Quant aux lecteurs de poésie, on peut les trouver, peut-être sont-ils plus discrets et qu'il faut faire la démarche d'aller dans un club de poésie ou à un rassemblement d'écrivain, mais je ne suis pas sûre qu'il sont "moins nombreux"... Il faudrait une enquête sérieuse à ce sujet de l'INSEE, sourire. Merci encore à toi pour toute cette réflexion intéressante, bon week-end miss |
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creature |
J'ai fait un petit test à ce sujet en publiant quelques poèmes sur facebook. J'ai choisi des thèmes du quotidien pour essayer d'intéresser le plus de monde. Seils quelques uns y ont été sensibles. Mes enfants par exemple ne s'intéressent pas du tout a ma poésie. Je pense qu'il y a une certaine sensibilité du poète que les autres n'ont pas forcément. L'amour des mots n'est pas le lot de tous. Il faut continuer à écrire pour soi pour se faire plaisir et ce site est juste parfait pour partager ses textes. Et vivre sa passion est déja une grande source de bonheur. | |
philomène |
tu lances un passionnant débat tu écris avec talent et j'aime te lire!continue c'est fascinant:)bon courage amitiés | |
romantique |
La poésie est partout, être poète s'est peut être simplement s'en rendre compte et en rendre compte. | |
eliosir |
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