Quinzième voyage ( suite )
Fouta Gaolo Ahmadou Anta Tissa Moussa n'avait jamais vu de lampe de sa vie...Et quand le dinantier alluma la mèche, les yeux de Tissa Moussa s'écarquillèrent.
Fouta: - quelle merveille ! Quelle merveille ...quelle merveille ! ...
L'artisan : - Cette lampe à huile est faite pour allonger la nuit et bercer ton sommeil, ô grand Fouta Gaolo !
Fouta: - Cette nuit , cette nuit est une nuit mémorable que les griots évoqueront. Les veillées grace à cette lampe magique seront plus longues. Ta fortune étranger est faite.
Fouta Gaolo Ahmadou Anta Tissa Moussa, offrit douze chamelles blanches chargées d'or au bienheureux jeune dinantier et une petite charmelle pour le petit Tiw-tiw.
De retour à Fès , celui ci construit un magnifique palais avec un superbe verger où poussaient les fruits les plus doux et les plus parfumés du Maghreb lointain.
( Les musiciens jouent un air joyeux)
Younes : - que dit la parole ancienne?
L' or mène à tout...il mène aussi hélàs ! A l'ennui.
(Deff)
Pour tuer le temps, le dinantier se rendait tous les jours chez les artisans , ses anciens compagnons , et restait longtemps à les voir peiner pour gagner leur vie.
Un jour , il dit à Zakaria le babouchier , son ami préféré:
Je suis riche, mais je n'en ai pas honte , car j'ai peiné pour sortir de la misère.
Zakaria: je ne t'envie pas . Dieu choisit ceux qui doivent recevoir la richesse . A chacun son destin . L'un construit des palais, l'autre confectionne des babouches.
- Je suis prêt à t'aider.
- Je ne peux accepter ton aide . J'ai ma dignité, je ne veux que le fruit de mon labeur , quitte à rester pauvre comme une poignée de lentilles.
- Je veux t'aider en te faisant découvrir le secret de ma réussite...si tu as confiance en moi, ta richesse sera faite.
Le dinantier raconta son histoire à son ami Zakaria le babouchier et termina son discours ainsi :
- J'ai remarqué que le grand Fouta Gaolo Ahmadou Anta Tissa Moussa avait les pieds nus. Tu es le meilleur babouchier de Fès, confectionne lui de grandes babouches, car les pieds de Fouta Gaolo sont de grande proportion, des babouches fines et douces comme la soie.
Zakaria remercia son ami et rentra chez lui. Sa décision était prise.Il voulait goûter au pain amer de l'exil.
Il prit un poignard, égorgea un coq noir et remit le poignard à sa vieille mère en lui recommandant:
- Tant que cette arme laissera couler du sang , maman , je serai en vie. Si elle devient sèche , c'est que je suis perdue , maman.
(Musique)
Le babouchier prit la route du Soudan et , dans son bagage, une belle et grande paire de babouches.
Il traversa plusieurs montagnes, plusieurs plaines et rivières, là où il n'y a ni oiseau qui vole , ni animal qui rôde. Il ne rencontra qu'un léopard qui venait de nulle part, le salopard.
( Musique africaine)
Il mit autant de mois que son ami le dinantier pour atteindre Tombouctou : la cité aux douze minarets et aux douze muezzins bègues.
Il se présenta devant la principale porte de la ville et demanda aux gardes de le conduire au puissant roi Fouta Gaolo Ahmadou Anta Tissa Moussa. Ce qui fut rapidement fait.
Zakaria le babouchier de Fès, muni de son cadeau sous le bras, s'adressa au grand Fouta de Tombouctou :
- Ton nom Fouta Gaolo éclaire les rives et les plaines. Ta puissance est inscrite dans la capapace des tortues!
Le roi était visiblement insensible aux compliments :
- Où est mon cadeau ?
- le voici.
Et il tendit respectivement la paire de babouches au roi de Tombouctou.
Celui-ci examina longtemps l'objet, mais ne sut à quoi cela pouvait servir.
Zakaria , se prosternant , présenta la paire de babouches à Fouta Gaolo et l'invita à les chausser en disant :
- Puissant seigneur , voici le cadeau que je vous offre en signe d'allégeance.
Fouta Gaolo n'avait jamais vu de sa vie des babouches. Il se sentit tout d'un coup léger comme un nuage. Il marcha de long en large.
Il sauta, toujours chaussé de cette merveille dont il ne connaissait même pas le nom.
- C'est une Belgha mon roi.
- Belgha ? Quelle belle belgha ...
Tous les gardes se mirent à répéter : Belgha ...belgha...
- Jamais aucun homme ne m'a offert plus beau cadeau !
La joie extrême de Fouta Gaolo remplit d'aise le babouchier de Fès.
- Fouta : Cette nuit est une nuit mémorable, je veux que les griots chantent la beauté, la légèreté et la douceur de Belgha...
Je veux un poème de mille vers à la gloire de Belgha. Quand à toi noble et généreux étranger, je t'offre ce que j'ai de plus cher au monde.
Prends cette lampe à huile, elle est à toi !
Écrit par Yuba
Si tu me demandes combien de fois
tu es venu à mon esprit Je reponderai une seule fois ... Car tu ne l'as plus jamais quitté Jalal-Eddine Roumi Catégorie : Citation
Publié le 13/06/2020
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fascinant mystérieux sensible sage:)j'ai apprécié ma lecture:)@ | |
romantique |
La boucle est bouclée. A qui offrira-t-il les babouches en signe de reconnaissance d'un cadeau plus agréable encore? Merci pour ce conte ironique et intéressant | |
Vermeil |
Bonsoir, Comme quoi .. Merci pour ce Conte !! Bravo ! Lys .. |
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Lys-Clea |
La chute de cette fable est inattendue et pleine d'enseignements pour les sages que nous sommes. Toi peut-être plus que moi. Je t'embrasse très chère amie. | |
TANGO |
Merci pour la visite précieuse sur ce voyage dans le temps et l'espace à vous tous mes chers ami(e)s A bientôt dans le prochain! Bises :) |
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Yuba |
Je me rends compte que j'avais loupé la 2ème partie du 15ème voyage, et heureusement que mon ange gardien poétique m'a tapé sur l'épaule, sinon il aurait manqué la moitié d'une étape dans mes favoris! Ce qui aurait été préjudiciable à ma compréhension de l'ensemble, je pense. Une fois de plus, je suis touchée par la grande sagesse de ce conte, la place de la lumière sous la forme de cette lampe à huile qui me paraît essentielle. J'attends déjà de retrouver les personnages pour la 16ème étape! Merci beaucoup pour la continuité du partage de ce conte que j'apprécie tout particulièrement. Bises amicales :) |
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Matriochka |
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