Je vois autour de moi de bien grandes misères
Une souffrance aigüe répandue sur la Terre
Est-ce fatalité de voir tant de maudits
Survivre chaque jour sans qu'un mot ne soit dit?

Des gens dorment dehors à même les trottoirs
Évités prestement comme des repoussoirs
Leur main faible se tend pour avoir quelques pièces
Le regard implorant un peu de gentillesse

De leurs modestes gains ils feront un repas
Marginaux affamés qu'on ne regarde pas
Certains boiront du vin pour panser leurs blessures
Et oublier un tant leurs froides meurtrissures

Qui sommes-nous enfin pour juger ces humains?
Ces âmes délaissées au pénible destin?
Nombreux sont ces damnés qui meurent dans la rue
Où les enterre-t-on quand la mort est venue?

L'argent ne manque pas pour loger ces mendiants
Dans un appartement pour vivre décemment
Mais rien n'y fait pourtant nous délaissons nos frères
À leur obscure errance aux ombres mortifères

Nous nous habituons à voir tous ces clochards
Mourir à petit feu avec les yeux hagards
Sommes-nous complices par notre indifférence
Quand nos cœurs endurcis oublient leur existence?